Les Chroniques de l'Imaginaire

Jeux d'ombres (Les Annales de la Compagnie Noire - 4) - Cook, Glen

Le Dominateur est vaincu et son esprit est désormais prisonnier d’une pointe d’argent, mais à quel prix ! La Rose Blanche ainsi que la Dame ont perdu toutes les deux leurs talents magiques. Les Asservis, maintenus en vie par la sorcellerie de la Dame, sont morts. Et la légendaire Compagnie Noire n’est plus que l’ombre d’elle-même, il ne reste plus que sept de ses membres encore vivants.

Rapidement, Toubib est élu capitaine de la Compagnie Noire par les rescapés. N’ayant plus de contrat, et ne pouvant rester dans l’Empire où ils sont considérés comme des parias, il propose une aventure périlleuse à ses compagnons : rapporter les annales qu’il rédige religieusement depuis des années à la cité d’origine de la Compagnie Noire, la mythique Kathovar ! Un voyage assurément sans retour vers les contrées sauvages du sud éloignées de plusieurs milliers de kilomètres. Et un voyage certainement non sans péril, la Compagnie Noire n’ayant pas laissé que des bons souvenirs dans les villes où elle a jadis servi. La première étape consiste à retourner au cœur de l’Empire, à la Tour de Charme où les annales ont été confisquées à Toubib par la Dame. Comme elle n’a plus aucun pouvoir, la Compagnie Noire va procéder comme à son habitude, à l’esbroufe, pour tailler la route jusqu’à la Tour sans être importunée par les premiers troubles d’un Empire qui pense que la Dame a elle aussi disparu dans la bataille.

Finalement, tout se passe bien, la Dame étant tellement crainte que sa seule présence suffit à remettre de l’ordre sans qu’elle ait besoin de faire appel à des menaces. Mais la partie se complique quand la Dame fait une requête des plus surprenantes à Toubib. Elle aussi veut quitter l’Empire et partir à l’aventure dans les contrées inconnues du sud…

C’est ainsi que commence un périple de plus d’une année, ponctué de longues marches et de nombreuses rencontres permettant de remonter dans l’histoire de la Compagnie Noire. Tout d’abord dans la cité maritime d’Opale, lieu où on avait découvert la Compagnie Noire, puis hors de l’Empire. Traversant la jungle de D’loc-Aloc, contrée d’origine du sorcier Qu’un-Œil, et d’autres contrées quasi désertes et sauvages. Dans chaque grande cité traversée, la Compagnie Noire a laissé une trace indélébile. Qu’elle soit excellente comme à Gea-Xle, où des descendants de membre de la Compagnie Noire, les Nars, attendaient patiemment son retour pour s’enrôler. Ou qu’elle soit épouvantable comme à Taglios où, près de quatre siècles après son passage, elle est toujours crainte pour une raison que Toubib n’arrive pas à découvrir.

Toubib, qui est au four et au moulin dans son rôle de médecin-annaliste-capitaine, s’en sort de main de maître, renouant avec la grandeur de la Compagnie Noire et nous livrant un récit tout en ironie sur une aventure (et sa propre aventure amoureuse avec la Dame) pourtant marquée par les affrontements et les cadavres. Glen Cook conserve avec bonheur le style de narration qui fonctionnait si bien dans les précédents tomes. Un livre de bord relatant le quotidien de la Compagnie Noire tout en introduisant régulièrement des événements lointains et des personnages qui finiront immanquablement par croiser la route de la compagnie. L’occasion de se rendre compte que l’on est passé à côté de tout un tas d’indices, ce qui rend la lecture encore plus envoûtante.

Jeux d’ombres, premier tome du cycle du sud, est toujours aussi brillant et il ne fait aucun doute que je poursuivrai la lecture de ce cycle.