Les Chroniques de l'Imaginaire

Cheval de Troie (Journal d'un AssaSynth - 3) - Wells, Martha

AssaSynth, le robot affranchi, renégat et pour le moins asocial, croit devenir fou lorsqu’il est bloqué pour un long voyage en compagnie d’humains. Sous prétexte que sa fausse identité le désigne comme responsable de la sécurité, il se voit en effet confier la résolution de tous les conflits entre passagers, jusqu’à la recherche de la personne laissant des emballages vides dans l’évier de la cuisine.

La SecUnit est donc plus que contente d’arriver enfin sur une petite station minière, Milu, presque dépourvue de toute vie humaine et ayant appartenu à l’entreprise GrayCris, celle-là même entourant le mystérieux passé d’AssaSynth. La station, abandonnée par GrayCris, est en cours de réappropriation par une entreprise concurrente. Contraint de faire ami-ami avec un robot de compagnie, Miki, pour en apprendre plus sur la situation, Assasynth lui promet de protéger ses amis humains. C’est ainsi qu’il se trouve une nouvelle fois embarqué contre son gré dans la protection d’humains qui, bien sûr, vont prendre des risques inconsidérés. 

Cette troisième novella de Journal d’un AssaSynth nous emmène dans une station à l’agonie puis sur une usine de terraformation déserte. Son atmosphère claustrophobe n’en est que plus angoissante. 

Martha Wells réplique ici la formule qui fonctionnait déjà lors des deux précédents opus : notre héros, mi-robot, mi-humain, va tenter de lever le mystère sur les actions d’une entreprise frauduleuse, GrayCris, tout en tentant de sauver d’autres personnes de leurs manigances. 

Ce tome est truffé d’action, de complots et de corridors obscurs mais pas seulement. Les réflexions sur la nature de l’humanité et sur la technologie restent omniprésentes. Tous les personnages secondaires ne sont en effet pas humains. On trouve des intelligences artificielles plus ou moins basiques, parfois cantonnées à un ordinateur de vaisseau spatial ou à un drone ou presque indiscernables d’une intelligence humaine, comme Miki l’androïde. D’ailleurs, il ne s’agit pas tant d’un degré d’intelligence que de nature d’intelligence et de libre-arbitre. En se confrontant à ces altérités, AssaSynth en apprend plus sur lui-même et invite le lecteur à s’interroger à sa suite. 

Étant donné le format assez court du récit, la plupart des personnages sont survolés, surtout lorsqu’il s’agit d’humains. C’est peut-être un peu dommage mais on ne se sent pas trop lésé car accorder plus de profondeur à ces derniers rendrait sans doute le récit bien moins efficace.

Cheval de Troie est encore une fois une excellente aventure de science-fiction, mêlant adroitement les rebondissements en cascade et les réflexions plus philosophiques. Les amateurs de cybernétique à la recherche d'une lecture courte et intense sont invités à la lire de toute urgence !