C'est à Disgraceland, à Memphis, dans le Tennessee, la maison où repose Elvis et tout ce qui lui a appartenu, que l'on retrouve Zandra, accompagnée de son père, si l'on puit dire, l'infâme Zorglub, grand méchant de son état des aventures de Spirou et Fantasio. Si, dans un premier temps, on pourrait se dire que Zorglub fait du tourisme comme tout le monde pour faire plaisir à sa fille, ce serait bien mal le connaître, car il n'en est évidemment rien. Zorglub est là pour analyser le système de surveillance des lieux, et c'est cette nuit qu'il va frapper !
L'objectif de Zorglub ? Juste s'approprier un échantillon d'ADN issu du cadavre du King, histoire de s'en servir d'une bien drôle de manière. Le savant fou a travaillé sur une machine permettant le clonage d'individus à partir d'un échantillon d'ADN et de la plastiline organique, une étrange matière visqueuse. Pour le premier test, le choix s'est tourné vers le rocker le plus connu de tous les temps, tout en profitant d'une manne financière conséquente, auprès de Kroutchov, qui n'est ni plus ni moins que le président russe, très fan d'Elvis de son état.
Ainsi, la démonstration que fait Zorglub est un véritable miracle : après quelques instants, c'est bien Elvis qui se tient devant Kroutchov, renvoyant immédiatement ce dernier en enfance, en acceptant de lui interpréter un titre à la guitare. Mais le bonheur est de courte durée. Alors que Zorglub a bien pris soin de filer avec l'argent, la plastiline, pas tout à fait au point, se désagrège. Elvis se liquéfie littéralement, sous les yeux horrifiés du président russe, qui rumine déjà sa vengeance auprès de Zorglub...
Et c'est de retour chez lui, dans son luxueux laboratoire, que Zorglub va bientôt avoir une sacrée surprise. L'infâme méchant, à l'égo surdimensionné, s'il fallait le rappeler, n'a pas trouvé meilleur cobaye que lui-même pour faire des clones et parfaire la plastiline. C'est avec stupeur que Zandra découvre qu'une vingtaine de clones de Zorglub vivent et travaillent dans les laboratoires du génie du mal. Chaque clone a pris une spécificité du caractère de Zorglub. Et c'est le clone suivant qui sera surprenant, puisqu'il sera féminin ! Voilà que Zorglub découvre qu'il existe une part féminine de lui-même... Une part qui n'hésite pas à prendre le contrôle de son entourage, en agissant avec un charme certain, un charme délicieusement démoniaque...
José Luis Munuera nous fait une nouvelle fois voyager, avec ce troisième tome de Zorglub, qui paraît bien évidemment chez Dupuis. Entre Memphis, la Russie, Venise ou encore le laboratoire, très vaste, de Zorglub, il y a de quoi s'amuser pour Munuera, sur le plan graphique. Et cela se voit et se ressent complètement, à la lecture de ce tome. Les dessins sont encore une fois très vifs, dynamiques, avec un mouvement incroyable lors des nombreuses scènes d'action qui parsèment le livre. Mention spéciale, d'ailleurs, pour cette quadruple page qui représente un groupe de tyrannosaures avec une armée d'Elvis. Un tour de force graphique, avec le dépliage et pliage adéquat, qui a le mérite de briser le quatrième mur, en plus d'être sans doute un joli tour de force chez l'imprimeur.
Du côté du scénario, on se régale toujours autant. On se régale toujours du cynisme et de l'humour noir qui se dégage de ce personnage noir, que l'on apprend à apprécier, au fur et à mesure des tomes. Il se passe toujours des tas de choses, sans qu'il n'y ait le moindre temps mort, et surtout sans que la lisibilité n'en pâtisse le moins du monde. C'est vivant, drôle, intelligent, et on se surprend à en redemander dès la lecture terminée.
Zorglub est une série dédiée à un grand méchant de l'univers Dupuis, et c'est une franche réussite, on peut en être maintenant tout à fait certains, après trois tomes de cette qualité.