Kayla Marchal a vécu une année bien mouvementée. Elle qui pensait être une morphe ratée, incapable de se transformer, a découvert qu’elle était non seulement une polymorphe, à même d’adopter plusieurs formes animales, mais aussi la réincarnation de Diane, prêtresse de la Déesse. Ses rêves lui ont appris l’erreur commise par son incarnation originelle : confier les pouvoirs de la Déesse à plusieurs hommes afin de lutter contre la perte de vitesse de son culte… et être trahie par deux d’entre eux, qui ont à leur tour confié les pouvoirs de la Déesse à d’autres et ainsi créé les premiers morphes et polymorphes.
Kayla doit à présent éliminer le dernier de ces traîtres pour rendre à la Déesse tous ses pouvoirs. La situation s’annonce tendue pour la jeune fille de dix-huit ans qui va devoir entrer en pleine possession de ses propres facultés et trouver un moyen de détruire son ennemi, devenu de plus en plus puissant avec le temps. Elle sait déjà qu’elle ne survivra pas à ce combat mais comment le faire entendre à Mylan/Max, son âme sœur, qui attend sa résurrection depuis plus de mille ans ?
Ce dernier tome de la série Kayla Marchal enchaîne directement là où le dernier s’est achevé : Kayla est résignée à sa mort et se rend vers la Source où elle pourra développer pleinement son potentiel. Ne souhaitant pas faire souffrir Max, elle l’a laissé sur le bord du chemin. Les personnages secondaires sont affectés par les dernières batailles qu’ils ont livrées, notamment Jade, adolescente de seize ans qui vient de perdre son âme sœur et sombre dans la dépression.
Dès le début, Estelle Vagner donne ainsi bien le ton de ce troisième tome : sombre, très sombre. Le dénouement tragique est connu, reste à savoir comment les héros y arriveront et quelle sera l’étendue des pertes en chemin. Et des pertes, il y en aura ! Les scènes d’action sont bien écrites mais c’est dans la description des conséquences psychologiques des événements sur les protagonistes que l’auteure met l’accent. Les adeptes de gore devront donc passer leur chemin tandis que ceux affectionnant les héros tourmentés seront comblés !
J’ai pour ma part été un peu lassée par le caractère inéluctable du destin de Kayla, surtout qu’on se doute dès le début qu’un deus ex machina interviendra quelque part et que tout finira bien grâce à une petite pirouette scénaristique. La structure du récit n’est pas non plus idéale : on passe les deux tiers du roman en compagnie de Kayla, jusqu’à l’affrontement final… puis on revit les derniers jours à travers les yeux de plusieurs autres personnages. L’auteure nous invite donc à entrer dans la peau de certains personnages secondaires comme Jérémiah, ce qui plaira aux fans de la série, mais on n’évite pas un certain effet de répétition. Enfin, la dernière partie du roman nous dévoile un nouveau personnage pour une fin un peu guimauve au regard de l’aspect plombant du reste du récit. Je pense que le ton du récit aurait gagné à être plus équilibré tout au long du texte ou que l’auteure aurait dû assumer un dénouement malheureux jusqu’au bout.
Malgré quelques bémols, j’ai passé un bon moment de lecture : les héros sont attachants, les péripéties nombreuses, la dimension psychologique travaillée, l’univers simple mais bien construit.
Pour résumer, Kayla Marchal rassemble tous les ingrédients d’une bonne série fantastique, jouant plutôt sur les sentiments que sur un univers fouillé. La Source la conclut agréablement, sans laisser traîner de fils narratifs, et en nous permettant de connaître le destin de chaque personnage. Les lecteurs particulièrement attachés à ces deux points apprécieront ! En outre, la toute fin de l’ouvrage propose de fausses interviews entre l’auteure et certains de ses personnages, qui plairont à ceux souhaitant s’attarder encore un peu avec eux et les découvrir sous un autre jour.