Les Chroniques de l'Imaginaire

La confrérie de l'épée (Outlander - Lord John Grey - 2) - Gabaldon, Diana

Lord John Grey et son frère aîné Hal sont encore hantés par la disparition tragique de leur père, le Duc de Padloe, survenue plus de quinze ans auparavant, lorsqu’ils commencent à recevoir d’étranges avertissements : des pages du dernier journal du duc leur sont envoyées et Lord John est mystérieusement agressé à plusieurs reprises. Pour Lord John, l’affaire est claire : on tente de les faire chanter. Mais pourquoi maintenant ? Le père de Lord John avait été retrouvé mort, peu de temps après avoir été accusé d’avoir participé à un complot jacobite. Le maître chanteur serait-il donc jacobite ? Pourtant, Lord John est presque sûr que l’accusation contre son père avait été portée à tort. Presque !

Les fantômes du passé ne sont en tout cas pas les seuls à troubler la famille Grey puisque la mère de John, Benedicta, a enfin décidé de se remarier. Son fiancé est un militaire, qui n’est autre que le beau-père d’un bel éphèbe, Percy Wainwright, que Lord John a déjà rencontré dans des circonstances peu avouables. 

Lord John devra en tout cas se dépêcher pour faire la lumière sur la mort de son père et conquérir le cœur du beau Percy car son régiment est attendu en Prusse pour combattre les Français et les Autrichiens.

La confrérie de l’épée est le tome 2 de la série Lord John Grey, que Diana Gabaldon consacre à l’un des personnages de son autre série d’ouvrages, bien plus célèbre, Outlander.

Attention tout d’abord à votre ordre de lecture ! Les éditions J’ai lu, s’ils ont eu l’excellente idée de publier cette série consacrée au militaire anglais, n’en publient pas les tomes dans l’ordre chronologique. Ainsi, le tome 4, sorti en 2017, fait référence à certains événements survenus dans La confrérie de l’épée, ce qui pourra déconcerter les lecteurs qui, comme moi, ont suivi l’ordre de parution français. Toute l’intrigue du tome 2 n’est pas divulguée par le tome 4 mais certains points importants du récit le sont malheureusement tout de même, ce qui atténue un peu le plaisir de la lecture. Aussi, si vous débutez la série, je vous conseille fortement de commencer par le tome 1, Une affaire privée, publiée en début 2019 puis d’enchaîner sur La confrérie de l’épée…et peut-être même d’attendre la publication du tome 3 de la série, Lord John and the Haunted Soldier en anglais, avant de plonger dans le tome 4 et premier volet publié par J’ai lu.
Jamie Fraser étant fortement présent dans le tome 4, on comprend tout à fait l’intérêt éditorial d’avoir fait passer ce tome en priorité puisqu’il est plus susceptible de plaire aux fans d’Outlander et du bel Écossais. Ce personnage phare d’Outlander est bien moins présent dans La confrérie de l’épée. Ses interventions, même si elles permettent de résoudre le mystère, relèvent à mon sens plus du fan service. Le véritable héros du récit demeure en effet bel et bien John Grey. Or, si Fraser m’indiffère plutôt, je suis devenue une fan inconditionnelle de Grey. Ce personnage témoigne d’une grande intelligence par la manière dont il résout ses enquêtes mais aussi d’un profond sens de l’honneur et des valeurs. Son orientation sexuelle et la perception qu’il en a, à une époque où l’homosexualité est synonyme de mort et de déshonneur, est une autre caractéristique intéressante de sa personnalité.

Rappelons que, contrairement à Outlander, la série Lord John Grey ne comprend pas vraiment de dimension fantastique. Il s’agit presque exclusivement d’enquêtes criminelles, le plus souvent dans le contexte de l'armée, de l'espionnage, de la politique extérieure britannique. La romance est parfois présente mais de manière très secondaire. Dans La confrérie de l’épée, l’enjeu est de taille pour Lord John puisqu’il s’agit à la fois d’élucider une vieille histoire de famille redevenue menaçante pour les siens, de survivre à sa campagne en Prusse et de parvenir à vivre son histoire d’amour avec son nouveau frère par alliance, Percy. 

J’ai été quelque peu surprise par la longueur du livre. L’intrigue autour de la mort du père de John aurait en effet pu être résolue beaucoup plus rapidement à mon sens. Cependant, le rythme du roman reste étrangement maîtrisé. Si l’intrigue évolue lentement, on ne s’ennuie pas un seul instant en compagnie de Lord John et des personnages secondaires, comme Percy ou Hal. Même ce qui semble constituer des digressions, comme les visites rendues à Fraser ou la campagne militaire, permettent de faire avancer peu à peu le récit et surtout de faire évoluer les personnages. La vie d’un officier anglais du XVIIIe siècle est d’ailleurs finement dépeinte. Cette vision de la guerre de Sept Ans par le petit bout la lorgnette constitue en outre un changement de décor et de rythme bienvenu.

Une fois n’est pas coutume, Diana Gabaldon nous livre quelques scènes érotiques. Cependant, celles-ci sont bien mieux intégrées au récit que dans les autres tomes de la série, assez courtes et étonnamment peu vulgaires pour l’auteure, peut-être parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une histoire d’amour et sont donc décrites sous un jour plutôt romantique.

On passe donc un très bon moment avec un personnage sympathique, encore une fois plongé dans des conflits militaires, des complots et des relations familiales complexes. Je ne peux que le recommander aux fans de la série !