Un univers gris, sombre, sans doute post-apocalyptique. Trois personnes, en combinaison, semblent être en train de réparer du matériel flottant. Soudain, l'un d'entre eux est emporté vers les cieux. Il tombe et s'empale sur une immense perche, sous les yeux, sans doute ahuris, de ses collègues... Un homme passe par là, avec son étrange monture. Il poursuit son chemin, jusqu'à ce qui semble être une ville...
Là, il est pris à partie par des êtres qui semblent être dans un besoin terrible, une déchéance crasse dans ce monde gris. L'homme ne leur offre que son dédain, et les besoins de sa monture... Son principal souci semble être le fait de dénicher de quoi nourrir sa monture, et lui-même, au travers de tuyaux crasseux qui alimentent peut-être la bestiole en carburant...
Et puis, il y a ce musée, ou ce qui y ressemble. Un musée où les gardiens ne supportent pas que l'on touche les œuvres. Un visiteur est justement pris à partie, et il passe un bien mauvais moment en compagnie de deux gardiens... L'homme à la monture, lui, a carrément brisé une oeuvre par sa curiosité trop forte. Il n'a plus qu'à fuir, d'autant que sa monture est une nouvelle fois l'objet de toutes les attentions...
Attention, nous tenons là une oeuvre qui ne s'adressera clairement pas à tout le monde. Ce Tremen (mot breton qui signifie "passage") ne possède aucune bulle, aucun texte, si ce n'est une préface de Philippe Druillet, et une postface de Marc Caro. Pim Bos, artiste néerlandais dont il s'agit ici de la première bande dessinée, nous entraîne dans un monde vertigineux, gris, où l'espoir n'existe clairement plus. Nous sommes proches du Arzach de Moebius, ou encore du film Stalker d'Andreï Tarkovski, mais nous sommes en tout cas en présence de dessins impressionnants, avec des personnages silencieux, qui évoluent dans des cadrages absolument incroyables.
Pim Bos vient du monde de l'animation, et cela se ressent. Outre les cadrages, les dessins sont d'une rare précision, et l'univers dépeint est incroyable. Au lecteur, suffisamment sensibilisé à ce type de lecture, d'y apporter ce qu'il aura envie d'y apporter...