L'avenir proche n'est pas très brillant pour notre France actuelle, car nous sommes en 2068, et les environs de la ville de Fontainebleau ont été complètement ravagés. C'est un monde post-apocalyptique qui se découvre à nous, et c'est ici que l'on fait la rencontre de Wallis et d'Aster, une jeune fille qui vit dans les hauteurs d'un arbre, à proximité d'une colonie qui est appelée Pan. La vie n'y est pas facile, il faut barouder pour trouver des objets de valeur, dont la revente permettra de subsister avec une maigre ration de riz.
Pour autant, Wallis et Aster s'en sortent plutôt bien, dans un monde plutôt dangereux. La vie n'est pas facile, et les apparitions impromptues de bandes de pirates n'est pas faite pour faciliter les choses. La colonie de Pan parvient tout de même à les repousser, régulièrement, et ce sans l'aide des milices de Fortuna, la grande ville locale... On ne voit d'ailleurs presque jamais personne de Fortuna à Pan, et de nouvelles élections sont sur le point d'avoir lieu, notamment avec les parents de Wallis, ado secrètement amoureux d'Aster...
Mais les choses sont sur le point de changer, avec une milice de Fortuna qui vient faire du chantage à Pan... Contre la protection par Fortuna, les gens d'Aster devront laisser un quart de leur production de riz. Un marché clairement pas à l'avantage de Pan, qui ne pourrait absolument plus survivre si un tel marché était conclus. Et c'est un espion de Cères, une autre colonie environnante, qui appelle Pan à jouer son avenir à la Mécanique Céleste. Eddy, le père de Wallis, accepte de relever le défi contre l'équipe de Fortuna...
Et c'est Juba, l'autre fils d'Eddy, et frère de Wallis, récemment revenu d'un voyage de plusieurs années, qui explique ce qu'est la Mécanique Céleste. Il s'agit ni plus ni moins d'un jeu de balle, qui n'a rien à envier à notre balle aux prisonniers : si la balle touche un adversaire et qu'elle touche terre, l'adversaire en question est éliminé. Cela se joue par équipes de sept, composées de quatre garçons et trois filles, et en deux manches gagnantes. Bientôt, le premier cycle va avoir lieu, sur le terrain neutre de Cères, justement. Un lieu qui est dirigé par une gouvernante, qui s'intéresse de près à Aster...
Attention : one-shot choc avec ce Mécanique Céleste de Merwan. Le livre paraît dans la collection Visions du futur, chez Dargaud, après d'autres livres de science-fiction, comme Aiôn ou encore Tremen. La particularité du livre de Merwan est d'être particulièrement épais : nous tenons là un livre de deux-cent pages, de quoi avoir un scénario qui prendra le temps de se dérouler, de dévoiler les choses, un peu comme d'autres livres comme Shangri-La, ou encore Negalyod.
Les personnages sont, toutes et tous, profondément travaillés et attachants, notamment Aster, Wallis et son frère, Juba. Les relations entre ces protagonistes sont complexes, franchement bien trouvées, et il sera facile de s'attacher à tel ou tel personnage, ou de comprendre tel ou tel dialogue, souvent incisif. Merwan parvient ainsi à insuffler une vraie texture à tout ce petit monde, et ce bien avant même de parler du jeu de la Mécanique Céleste.
Ce dernier arrive plutôt dans une seconde partie du récit, ce qui est plutôt positif, en terme de narration. Car on se régale, encore une fois, lorsque le jeu démarre. C'est rapide, plein d'action, et surtout plein de mouvements : on s'y croirait presque, tant le travail sur les silhouettes qui esquivent, et l'intelligence de jeu, est poussé à son paroxysme. Les couleurs de Merwan, souvent très douces, permettent là aussi une belle lisibilité. Les plans et les cadrages sont parfaitement adaptés, pour éviter d'avoir des dialogues trop nombreux durant les phases de jeu.
Mécanique Céleste est un one-shot épique, qui n'est pas sans emprunter des éléments à Running Man, ou encore à Hunger Games. Merwan a fait preuve d'intelligence et d'un immense sens de l'observation : quelle lecture bien agréable !