Camille est de retour en France après avoir vécu à Los Angeles avec sa famille. Son entrée en 6e est ternie par le souvenir de sa scolarité aux États-Unis et le traumatisme qu’elle a subie quand son secret a éclaté aux grands jours. Ses premiers pas au collège sont donc marqués par la peur d’être de nouveau moquée. Sa tension s’accroît encore lorsqu’elle se lie d’amitié avec une autre petite fille, Zoé, à qui elle se dit qu’elle devra bien tout avouer un jour. En effet, Camille est une petite fille presque ordinaire, à ceci près qu’elle est née dans le corps d’un garçon et que le monde extérieur n’est pas toujours très compréhensif à ce sujet.
Narrée par Camille, cet album explique très simplement les angoisses de la petite fille, en les ancrant dans son quotidien à l’école. Son secret est habilement dévoilé : le petit lecteur ou la petite lectrice, qui n’aura pas lu la quatrième de couverture, apprend d’abord à connaître Camille, à s’identifier à elle, tout en s’interrogeant sur ce qui la perturbe autant. Il n’est pas forcément évident de comprendre pourquoi Camille a peur d’avoir un problème avec le gardien au moment d’entrer dans l’école en robe ou pourquoi elle ne peut pas aller à la piscine alors qu’elle adore se baigner. Ce n’est que dans la seconde moitié de l’album que les choses sont posées noir sur blanc et qu’on assiste aux terribles répercussions que peuvent avoir ce secret sur la vie de Camille. Heureusement, l’amitié triomphe et le livre se termine sur une note positive ! L’album réussit donc le tour de force d’aborder un sujet sérieux sans sombrer dans la morosité, en dépeignant le quotidien d’une petite fille attachante.
En tant qu'adulte, j'ai beaucoup apprécié la délicatesse avec laquelle le sujet était traité et, bien que ma fille ne soit encore qu'un bébé, je garde le livre sous le coude pour plus tard. Le sujet de la transsexualité est en effet encore peu abordé dans les ouvrages jeunesse alors qu'il mérite d'être expliqué aux enfants.
Les dessins confortent cette impression avec leurs traits tout doux et leur atmosphère automnale. Chaque scène fourmille de détails, à tel point qu’on se prend à s’attarder sur chacune d’entre elles. Tous ces détails – le type de farine, les posters sur les murs, les enseignes de magasins, d’autres enfants en arrière-fond – sont très réalistes et ancrent le récit dans l’ordinaire. Or, montrer que Camille est une enfant parmi d’autres peut selon moi contribuer à faire accepter son histoire plus simplement comme quelque chose d’ordinaire, qui arrive et ne doit pas être moqué.
Ce bel ouvrage est donc à mettre entre les mains de tous les petits, à partir de 8-9 ans, et peut-être de quelques plus grands aussi.