Les Chroniques de l'Imaginaire

Fleur de l'ombre (Fleur de l'ombre - 2) - Kamimura, Kazuo

Sumire est une jeune femme de vingt ans, fruit d’une union adultérine entre un homme riche et sa maîtresse. Elle cherche sa voie de femme indépendante dans le Japon des années 1970. 

La jeune femme croit avoir trouvé une forme de bonheur auprès d’un musicien aveugle, de plusieurs décennies son aîné, mais refuse de l’épouser. Elle repousse également les avances d’un de ses jeunes collègues, amoureux d’elle, mais accepte de prendre la place d’une courtisane amputée d’un sein dans le lit de son maître. Au fil de ses choix, Sumire réalise le peu de liberté qu’elle possède vraiment.

Ce récit est d’une grande force car d’une extrême violence. Sumire souhaite devenir indépendante mais ne fait que reproduire les choix faits par sa mère et ne vit que dans son ombre. C’est un personnage torturé, déchiré, qu’il est difficile d’aimer tant elle refuse tout ce qui pourrait lui apporter du bonheur dès lors qu’elle s’approche trop d’un mode de vie « classique ». L’un des chapitres de ce tome nous offre le point de vue d'une femme mariée malheureuse et accablée par ses beaux-parents. On peut donc comprendre la réticence de Sumire envers le mariage en général. Pourtant, son choix de ne pas épouser des hommes qui la respectent et respectent sa liberté est un peu plus bancal.

Les dessins sont précis, dynamiques et rendent à merveille les différentes expressions des personnages. Les scènes de nudité et de sexe sont nombreuses, l’emphase étant mise sur les corps féminins. Ces scènes sont bien trop fréquentes à mon goût bien qu’on ne puisse pas dire qu’elles n’apportent rien au récit puisque, justement, le cœur du récit est la sexualité de la protagoniste. Car à cette époque, les femmes ne semblent pas avoir de débouchés professionnels. Bien que Sumire soit applaudie pour son travail, son choix reste lié à qui elle offrira ou non son corps.

Si j’ai lu ce deuxième tome de l’intégrale de Fleur de l’ombre d’une traite, je ne peux pas dire pour autant que j’ai apprécié son histoire. Il s’agit bien plus d’un ouvrage qui vous glace. Le chapitre bonus, mettant en scène d’autres personnages durant les années 1930, ne fait pas exception à la règle : sa courte histoire est aussi efficace que terrifiante.

En résumé, si les questions sociales, de liberté sexuelle ou la culture japonaise vous intéressent, cet ouvrage saura vous captiver… mais ne vous attendez à pas une lecture joyeuse !