1988... A Bruxelles, le comte de Champignac reçoit une étrange invitation pour un congrès de mycologie, qui se déroulera deux jours plus tard, à Berlin-Est. Fantasio, alors en mal d'article à sensation qui lui permettrait de faire la une, se voit déjà accompagnant l'éminent spécialiste des champignons en Allemagne, afin d'en faire un récit palpitant, notamment si Champignac parvient à mettre la main sur une espèce de champignon rarissime. Mais voilà qu'il déchante rapidement, lorsque le comte déchire l'invitation sous ses yeux. Hors de question pour lui de se rendre à Berlin-Est...
Pour autant, l'idée ne quitte pas Fantasio, qui se rend chez le comte dès la nuit qui suit : bientôt, il faut se rendre à l'évidence, le comte n'est plus là, et tout indique qu'il est allé à Berlin-Est, pour son fameux congrès. Pour Spirou, Fantasio et Spip, c'est le moment de se rendre dans la capitale est-allemande, qui n'a alors de République que le nom. Suite à la défaite allemande de 1945, l'Allemagne a été partagée en deux, comme la capitale. L'Est a été repris par l'URSS, et par là même c'est le communisme qui s'y est vite imposé, faisant de la frontière l'une des mieux gardées au monde, y compris pour les habitants, qui ne peuvent plus sortir de la capitale allemande...
Mais Spirou et Fantasio sont pleins de ressources, et parviennent à se rendre dans l'est de Berlin. Les premiers moments dans la capitale sont même agréables, en incluant leur arrivée à l'hôtel. Mais Fantasio ne tarde pas à découvrir que le comte de Champignac est là contre son gré, et il va bientôt faire la rencontre d'une jeune Berlinoise, éprise de liberté, qui ne va pas tarder à mettre en garde Spirou et Fantasio sur ce qui se passe vraiment, en Allemagne de l'Est. Le pays est pauvre, très pauvre, avec une situation financière qui ne s'améliorera pas de sitôt. Champignac peut être un atout pour rendre le pays, ou plutôt ses dirigeants, riches...
C'est Flix, un auteur allemand, qui est aux commandes de cette aventure de Spirou et Fantasio, et c'est la première fois qu'un auteur de cette nationalité officie pour un titre de la série. Flix a justement été marqué dans son enfance par la séparation des frontières dans son pays natal, et cela se ressent très rapidement ici... Le communisme, et le côté angoissé des gens, est vite mis au premier plan, une fois qu'on est dans la capitale, et ce malgré une première impression plutôt positive. L'atmosphère devient vite pesante et, en cela, le travail de Flix est une réussite : la ville de Berlin est presque un personnage à part entière ici, voire même le personnage principal...
Au niveau des dessins, là encore, on tient des planches agréables, épurées, lisibles, avec des personnages travaillés, aux expressions sympathiques et rigolotes, qui ne dénotent pas avec l'univers de Spirou. Les couleurs sont elles aussi à l'avenant, et même si l'ensemble ne sera pas inoubliable, souffrant d'un manque d'originalité, il restera de bonne facture. Il en est de même, finalement, au niveau du scénario. La narration reste très classique dans un Spirou : le comte de Champignac est enlevé, et il faut toute l'adresse et l'ingéniosité des héros principaux pour le sortir une nouvelle fois de ce mauvais pas.
Il reste de ce Spirou à Berlin une lecture agréable, qui permet de se replonger dans cette ville de Berlin, quelques temps avant la chute du mur. Rien que pour cela, la lecture est intéressante et enrichissante. Pour l'aventure, on garde un classicisme certain, teinté d'une efficacité ma foi toute germanique !