Les Chroniques de l'Imaginaire

A jamais dans mon coeur ! - Farigoul, Lucie

Victoire est effondrée : Sa mère Elodie, championne régionale d'équitation adulée de tous, a fait une chute mortelle lors d'un concours. Pour la lycéenne qui vivait jusque là une vie heureuse auprès d'une famille aimante, c'est tout son univers qui s'écroule. Elle rejette la faute sur la jument de sa mère : Si Dream ne s'était pas arrêtée devant l'obstacle ce jour-là, Elodie serait toujours en vie. Du coup, pas question de continuer à la monter ni même de l'approcher ; Victoire décide de mettre la jument en vente. Mais est-elle vraiment prête à ne plus jamais revoir la jument qui portait jusque là les rêves de la mère et la fille ?

A travers ce très court roman, nous découvrons une jeune fille qui se reconstruit suite à un événement tragique. Victoire vivait une relation exceptionnelle avec sa mère, qui lui avait transmis le virus de l'équitation. Toutes deux adoraient Dream, dont le nom symbolisait leurs espoirs communs. La jolie jument était un cadeau du père de Victoire pour son épouse, qui l'avait dressée elle-même. Victoire la montait tous les jours et rêvait du jour où elle la monterait elle-même en concours, suivant les traces de sa mère.
Du jour au lendemain, Elodie prend peur. Perdue, elle arrête de monter, ne veut même plus venir voir la jument. Mais au fond de son cœur, elle reste partagée. Son père et ses amis proches, persuadés qu'elle prend une mauvaise décision, tentent de la convaincre de poursuivre ses rêves avec Dream.

Au fil des jours, Victoire chemine doucement sur le chemin du deuil, traversant des moments difficiles qui la persuadent d'abandonner ses rêves d'enfants. Cependant, la fin est porteuse d'espoir, puisque Victoire relève la tête et décide d'aller de l'avant en poursuivant ses aspirations passées, dépassant ses peurs. Cette belle histoire très touchante est décrite avec beaucoup de sensibilité, les émotions de Victoire étant très bien rendues.

Pourtant, cette lecture ne m'a pas entièrement convaincue. Si le fond tient bien la route, la forme n'est pas à la hauteur. Il y a des problèmes très récurrents dans l'emploi des temps : un imparfait là où il aurait fallu un passé simple ("je fermais" à la place de "je fermai"), un futur au lieu d'un conditionnel ("j'entendrai" au lieu de "j'entendrais"), voire un verbe conjugué à la mauvaise personne ("nous feront"). Presque à chaque fois, il s'agit de cas où la différence n'est pas perceptible phonétiquement, mais à l'écrit cela ne passe pas du tout.
J'ai noté également plusieurs fois des tournures malheureuses, employant des mots proches de ceux qu'il aurait fallu mais incorrects dans le contexte : "sa tenue faisait part de critiques toujours positives" (j'aurais écrit "faisait l'objet"), "les cailloux crispaient sous les roues de la voiture" (je suppose qu'ils "crissaient"), etc. Cela donne un rendu un peu bancal. Sans compter les mots sur-employés, qui finissent par lasser (à la vingt-cinquième occurrence de "adorer", on préférerait voir un autre mot).

Mais surtout, j'ai été noyée par trop de détails inutiles. Certes, décrire les personnages et les lieux permet au lecteur de mieux s'immerger dans le contexte. Mais est-il vraiment utile de préciser la date de naissance et la taille au centimètre près des copains de Victoire ? Franchement, de mon point de vue, la tenue d'un barman et de son client que l'on ne croise que pendant quelques lignes n'apporte strictement rien au récit, hormis une pointe de lourdeur.

Cet ouvrage plaira aux lecteurs qui cherchent une jolie histoire parlant de rêves et de tristesse, de peur et d'espoir, pour peu qu'ils ne soient pas trop exigeants sur la forme.