Nous sommes quelque part, au milieu de nulle part. Ou presque... Un automobiliste, prénommé Michel, se pointe de son Nord natal, à bord de son véhicule, et s'arrête à la station service locale, elle-même perdue au milieu de nulle part. Michel commence à faire le plein, en sifflotant à sa manière un air bien connu, puis arrive le moment d'aller payer. Il entre dans la station, et se retrouve nez à nez avec l'employé, qui a de son côté tout du zombie...
Michel met du temps à s'effrayer, et le temps perdu aura permis à d'autres zombies de faire leur apparition. Il sera maintenant plus difficile de fuir indemne, et pourtant Michel va y parvenir, en perdant au passage son précieux pantalon de costume, avec accessoirement les clés de son véhicule à l'intérieur. Michel se retrouve ainsi, bien malgré lui, au cœur d'une horde de zombies, et il parvient à trouver refuge dans une habitation, avant de se faire purement et simplement assommer...
C'est en se réveillant que Michel fait la connaissance de l'habitant des lieux, un écrivain éploré, et gay, nommé Jean-Philippe. Le duo ainsi formé devient vite un trio, en comptabilisant Sucette, le ridiculement petit chien de Jean-Philippe... L'écrivain est là pour écrire un livre. Le livre qui le fera enfin connaître du grand public. Si tant est qu'il existe un grand public. C'est un homme calme et cultivé : tout l'opposé de Michel, qui ne peut s'empêcher d'enchaîner les blagues pourries, et les allégations homophobes, jusque ce qu'il apprenne l'homosexualité de Jean-Philippe...
Les deux hommes (et Sucette...) n'ont à présent pas d'autre choix que de rester cloîtrés, se nourrissant uniquement des délicieuses boules chocolatées qui font désormais partie intégrante de leur alimentation. Il va maintenant falloir tuer les après-midis, et les choses sont plutôt mal engagées lorsque Sucette se fait attraper par un zombie, devenant lui-même un bien étrange animal infecté...
Trêve de spoilers sur cette série, Les Souvivants, qui paraît dans la collection Une case en moins, chez Delcourt, et que l'on doit à Davy Mourier (au scénario) et Edouard Cour (au dessin). Autant être clair : j'ai passé un excellent moment de lecture décalée avec ce titre, qui respire le déjanté et l'humour noir à chacune de ses cases. Les personnages de Michel et de Jean-Philippe ont des personnalités qui sont les exacts opposés, entre un bourrin homophobe et un intello gay, et il est juste jouissif d'assister à cette rencontre forcée, qui se déroule dans un huis-clos parfaitement amené.
La présentation des personnages est tout simplement un modèle du genre, que ne renierait sans doute pas un certain Quentin Tarentino... C'est intelligemment amené, avec cet humour teinté de dérision, et les dialogues, ciselés au couteau, sont vite un monument du genre. Un one-shot jouissif donc, qui se moque au passage gentiment de toutes les productions qui tournent autour des zombies, et qui est à découvrir par le plus grand nombre.
