Le monde est devenu complètement fou, pour Jules et Hugo, depuis qu'ils ont été séparés de Marie, leur mère, dans cette catastrophe qui date maintenant d'il y a trois ans... Si Jules et Hugo ont pu vivre à peu près correctement, en étant intégrés dans une jolie communauté, il n'en est plus rien maintenant... Alors que des milices comme la Justice Divine sévissent dans les territoires alentours, les deux frères ont pu survivre, et leur communauté est maintenant réduite à peau de chagrin, autour notamment de Farida et de Rachel, qui a tout perdu de sa confiance de chef...
Les êtres humains ne vivent plus, suite à cette apocalypse. Ils ne font que survivre, en tentant d'échapper à leurs égaux, assoiffés de sang et de jeunes filles, ou aux meutes de chiens affamés qui courent les rues... Il n'est pas bon être seul, et c'est pourtant ce qui arrive au père de Jules et Hugo. Il a décidé de quitter sa maîtresse et la région de Valence, pour partir à la recherche de ses fils, sans que ces derniers le sachent... C'est difficile pour lui, d'autant que la maladie commence à le gagner...
L'Espagne, justement, a bien changé, elle aussi... Avec l'Europe qui est décimée, le pays est vite devenu la proie des Arabes, qui ont vite fait de prendre le contrôle de tout le pays. Ce sont eux également, à présent, qui contrôlent la frontière des Pyrénées. Il va falloir composer avec cela, pour le groupe de Jules et Hugo, qui se demande s'il ne vaudrait mieux pas traverser la Méditerranée...
Et puis, il y a Marie, qui n'est pas morte, mais qui est entre les mains d'un groupe de miliciens fanatiques. Marie est enceinte du chef de la milice, un ancien DRH devenu complètement fou... Pour ce groupe aussi, cela s'annonce difficile, avec les milices arabes qui sont de plus en plus nombreuses dans le coin. Et un certain laisser aller pourrait bien vite leur être fatal, également...
Quel désespoir, dans ce quatrième tome de Le reste du monde, récit post-apocalyptique, et même apocalyptique tout court, imaginé par Jean-Christophe Chauzy, et qui paraît chez Casterman ! Le tome est l'occasion de faire une passe sur l'ensemble des personnages croisés dans les trois premiers tomes. Des pertes se font, mais également des retrouvailles, que je ne souhaite bien sûr pas plus évoquer ici.
Un autre personnage est important dans ce récit aux décors d'apocalypse parfaitement poussés. Il s'agit d'une voix off qui est terrible, frémissante. Celle d'un diable, qui se régale des souffrances des êtres humains, et qui semble à l'origine de tous les malheurs qui s'abattent sur l'Humanité. L'apocalypse, à qui Chauzy donne ici une voix, est clairement un personnage à part entière dans cette histoire où il est bien difficile de survivre...
Les dessins de Jean-Christophe Chauzy sont parfaitement adaptés à son récit. On alterne entre des plans serrés sur les personnages, et des plans larges qui nous montrent des décors absolument incroyables. Les poissons sont sortis des océans, les ports sont encombrés de détritus, de cadavres, de rats, de bateaux échoués et de voitures complètement défoncées. Une véritable croix à dessiner, sans aucun doute, mais l'auteur a clairement fait l'effort d'aller au bout de sa vision. Il est à noter qu'une large partie de la série se déroule en montagne : l'occasion est aussi belle d'admirer de splendides décors montagnards, qui rendent aussi le récit plus soutenable.
Une vision cauchemardesque, mais pour autant délicieusement captivante. On en redemande !
