Quelque part dans l'espace, une capsule semble se détacher d'un vaisseau, puis pénètre dans l'atmosphère d'une planète environnante, avant de s'écraser dans une jungle épaisse. Bientôt, un androïde, appelé Alpha, sort du crash, vérifie son système d'informations, qui a un peu souffert, et se met à explorer les lieux. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il y a de la vie, autour de lui... Une vie animale, avec des espèces différentes, dont l'une ne tarde pas à agresser l'androïde. Ce dernier est heureusement sauvé par un autre robot, affublé du chiffre 5...
Bientôt, c'est sur d'autres androïdes, également en mauvaise posture contre les animaux locaux, qu'Alpha et 5 retombent... Ils parviennent à sauver deux autres androïdes, un et quatre, pour former un petit groupe à la recherche de la capsule. Ils vont d'ailleurs bien vite réussir à la retrouver, et à en extraire un être humain, qu'il va falloir d'abord sortir de son sommeil profond... Il va ensuite falloir le nourrir jusqu'à ce qu'il sorte de son coma artificiel, ce qu'il fait bientôt. L'homme s'appelle Robert, il est le maître des androïdes dont Alpha, et il recherche à présent une autre humaine, prénommée June...
Alors, le petit groupe de droïdes, avec Robert, parvient bientôt à localiser le module où devrait se trouver June. Ils partent en expédition dans la jungle, découvrant une flore et une faune tout à fait étonnantes. La vie a repris ses droits, sur ce qui était la Terre totalement polluée, avant que l'Homme ne soit forcé à la quitter. Et à présent, Robert s'apprête à subir une effroyable nouvelle... En tombant sur Béta, l'androïde de June, il apprend que cette dernière a du atterrir sur Terre des décennies auparavant, sortant ainsi de son sommeil artificiel. Aujourd'hui, June n'est malheureusement plus qu'un cadavre, que Robert ne peut se résoudre à abandonner. C'est le début d'une intense dépression pour ce dernier...
C'est à Diego Agrimbau (au scénario) et Lucas Varela (au dessin et à la couleur) que nous devons ce one-shot, L'Humain, qui paraît chez Dargaud, dans la collection Visions du Futur. Les auteurs nous emmènent voir la Terre dans un lointain futur, après que l'Humanité toute entière ait dû quitter la planète, après l'avoir sans doute un peu trop appauvrie. Même si l'idée de revenir comme cela sur la planète mère n'est pas neuve, elle a le mérite d'être ici traitée avec énormément d'intelligence.
Le scénario de Diego Agrimbau est ainsi vraiment maîtrisé de bout en bout. On s'attache à ce personnage de Robert, on frémit avec lui lorsqu'il apprend la terrible nouvelle concernant June, on l'accompagne dans les visionnages des vidéos quotidiennes laissées par cette dernière, et on se met à le haïr quand on voit comment il se comporte, en tant que dernier être humain... Les dialogues avec les androïdes sont complètement convaincants et il est terrible d'assister à cette descente aux enfers concernant Robert, le personnage principal de cette histoire...
Côté dessins, là encore, on tient quelque chose de propre, d'achevé, d'extrêmement lisible. Les planches sont épurées, les couleurs choisies, plutôt dans des nuances de rouges, sont intéressantes, et donnent une identité et une originalité à ce one-shot. Les personnages sont soignés, avec des expressions convaincantes, et il n'est pas rare de s'attarder sur telle ou telle case pour en admirer quelques détails. Le découpage est plutôt classique, avec un dessinateur qui prend plaisir à soigner chacune de ses cases, plutôt que d'user de grandes images qui prendraient la pleine page.
L'Humain est un one-shot fascinant, franchement réussi. C'est une vision pleine de désespoir, certes, mais traitée de façon intelligente et, j'en ai peur, franchement réaliste. Un morceau de science-fiction de choix, à mettre entre toutes les mains !
