Depuis la mort tragique de ses parents quand elle était enfant, Séverine est une voyageuse aguerrie. Sa tante Garance, employée dans l’humanitaire, lui a fait découvrir les pays du Sud. Devenue adulte, la jeune femme s’est lancée à l’assaut des pays du Nord, ne restant jamais en place très longtemps, coupant court aux relations amoureuses comme amicales. À presque trente ans et avec une formation de bibliothécaire en poche, elle décide de poser ses bagages une fois pour toutes. Séverine porte alors son attention sur une petite ville canadienne originale, Fermont.
Comme son nom l’indique, Fermont est une ville minière, où le fer se trouve en abondance. Son principal édifice est le « Mur-écran » qui protège la ville des vents violents mais comporte aussi des commerces et habitations. Séverine est d’ailleurs ravie d’y avoir trouvé un logement, qui plus est à proximité d’un homme charmant prénommé Alban. Elle déchante quelque peu quand elle découvre que la précédente locataire, Maïté, a été sauvagement assassinée et qu’une autre femme de cette petite communauté est portée disparue.
La description de la ville de Fermont pourrait faire penser à un récit futuriste mais il n’en est rien. Cette ville, construite dans les années 1970, existe bel et bien. On sent d’ailleurs à la lecture que l’auteure s’est documentée sur le sujet tant les descriptions sont nombreuses et travaillées.
Les qualités de ce roman ne s’arrêtent pas là. L’héroïne est également finement dépeinte, en jeune femme traumatisée par la mort de ses parents et son manque d’attaches. Les personnages secondaires sont bien campés même si l’un d’eux sort vraiment du lot : Tshenu, vieil homme également sans attache et dont la rencontre avec Séverine est émouvante.
Le rythme aussi est bien trouvé. Avec ces disparitions énigmatiques, Quelques battements d’ailes avant la nuit fait fortement penser à un thriller. Toutefois, le roman sait dérouter le lecteur. Si les personnes que l’on soupçonne depuis une bonne partie du roman sont bel et bien impliquées dans cette histoire, ce n’est pas exactement de la manière dont on pourrait s’y attendre. En bémol, je dirais d’ailleurs que l’implication de certains personnages dans le mystère est malheureusement par trop prévisible.
La révélation finale m’a beaucoup surprise à la lecture mais, avec le recul, lève le voile sur les pans les plus obscurs du récit. Je l’ai trouvé tour à tour ridicule puis glaçante, puis encore plus glaçante justement parce qu’elle touchait à l’absurde. Elle m’a d’ailleurs beaucoup fait penser à un certain roman de Stephen King que j’avais adoré plus jeune mais dont je tairai le titre pour ne pas gâcher le plaisir de lecture.
Pour résumer, ce roman comblera les amoureux des terres nordiques à la recherche d’un thriller teinté de fantastique. J’ai pour ma part pris beaucoup de plaisir à découvrir la plume de son auteure.