Les Chroniques de l'Imaginaire

Ce qui divise (Spire - 2) - Genefort, Laurent

La Spire a grandi. Née d'un rêve, celui d'une compagnie au service des mondes isolés des Confins, d'une compagnie qui respecterait les navigateurs qu'elle emploie, elle tutoie désormais les plus grandes entreprises de transport de l'univers. Ce n'est évidemment pas pour plaire à ces dernières, qui ne seraient que trop heureuses de voir cette nouvelle concurrente mordre la poussière, quitte à transgresser la loi pour lui donner un coup de pouce. En affaires, tous les coups sont permis… 

Mais peut-être que la Spire n'aura besoin de personne pour s'effondrer, tant son comité directeur est de plus en plus polarisé. D'un côté, le Buro est bien décidé à assurer la prospérité et la survie de la compagnie par tous les moyens ; de l'autre, la Ligue des navis s'efforce de rester fidèle aux idéaux des origines.

Ce deuxième tome de la trilogie Spire s'inscrit dans la continuité du premier, Ce qui relie. Les questions philosophiques fondamentales restent les mêmes : est-ce que la fin justifie les moyens ? Comment résoudre la tension entre éthique et profit lorsqu'on dirige une grande entreprise ? La structure du roman est également similaire, certains chapitres suivant l'un ou l'autre des navigateurs de la Spire pendant une mission, les autres s'intéressant aux événements à la tête de l'entreprise à travers les yeux de Lenoor, sa présidente, qui s'efforce de maintenir l'équilibre entre les deux grandes factions du comité directeur.

Les talents de créateur de mondes de Laurent Genefort, qui sont pourtant son point fort, sont hélas relégués au second plan dans cette série. Les planètes où s'aventurent les navigateurs de la Spire n'ont guère la place d'être développées du fait de la structure épisodique du livre, et même le déménagement du siège social de l'entreprise vers un lieu hautement inhabituel ne parvient pas à capter l'attention. Un troisième fil narratif, autour des Portes de Vangk, ne semble apparaître que pour être résolu dans le tome suivant de la trilogie.

Restent donc, comme dans le premier tome, une succession de crises qui frappent la Spire et dont les dirigeants doivent trouver un moyen de se dépêtrer. Elles sont de nature variée, mais leur traitement est ici encore trop elliptique pour se montrer vraiment prenantes. Sans trop en dévoiler, la première épreuve que doivent surmonter Lenoor et ses camarades est la contamination d'une station spatiale par une maladie mortelle arrivée avec l'un des vaisseaux de la compagnie. C'est une excellente idée, propre à donner lieu à des scènes pleines de tension, de quoi remplir tout un livre… sauf qu'on passe à autre chose dès la page 100.

Somme toute, Ce qui divise est une digne suite de Ce qui relie : du space opera solide, mais qui manque d'une petite étincelle dans ses personnages et dans son univers pour être vraiment marquant. Toutefois, si vous avez aimé le tome 1, ce tome 2 ne vous décevra pas.