Cette 20ème édition des Utopiales, qui s'est déroulée du 31 octobre au 4 novembre 2019, avait cette année pour thème "Coder / Décoder", beaucoup plus large qu'on ne pourrait le croire a priori.
En effet, si on pense immédiatement aux codes secrets - et il y a eu au moins une table ronde consacrée à Enigma - et au code génétique, on pense moins souvent aux différents codes juridiques, ou de langage - qu'on pense à la façon dont les langues que nous parlons façonnent nos perceptions de la réalité, thématique illustrée en SF par Babel 17, de Delany, ou Les langages de Pao, de Jack Vance -, ou aux codes d'écriture des différents genres et sous-genres qui constituent les littératures de l'imaginaire, par exemple. On peut aussi considérer comme un code les modèles employés pour projeter le climat dans le futur, et l'intervention de Nicolas Viovy à ce sujet faisait froid dans le dos (ou, pour mieux dire, chaud).
Pour les statisticiens et autres amateurs de chiffres, le thème a été examiné par 230 invités, écrivains, philosophes, chercheurs, plasticiens, etc, participant à 171 rendez-vous littéraires, scientifiques et artistiques. Les images n'avaient bien sûr pas été oubliées, avec 70 films longs et courts et 10 expositions. En parallèle, les joueurs ont pu profiter du pôle ludique et du pôle Jeux Vidéo. France Culture, partenaire de la manifestation, était sur place le vendredi 1er novembre, et y a enregistré plusieurs émissions.
Malgré les efforts des organisateurs, et les améliorations organisationnelles apportées depuis l'an dernier, l'accès à certaines salles s'est avéré problématique à partir du vendredi, férié cette année. Il est vrai qu'avec cent mille visiteurs (vous avez bien lu : 100 000 !) au total, la Cité des Congrès était pleine à capacité en quasi-permanence, et il était difficile de s'asseoir ailleurs que par terre pour les tables rondes les plus courues : celles où Alain Damasio figurait parmi les intervenants, mais aussi, par exemple, l'intervention d'Esther, à laquelle j'ai assisté, sur les mouchards installés à notre insu sur nos smartphones.
Pendant les Utopiales a eu lieu l'Observatoire de l'Imaginaire, nouvelle identité décidée l'an dernier pour les anciens Etats Généraux de l'Imaginaire. Il en ressort que la production de romans et recueils destinés aux adultes est répartie à peu près par moitié entre les rééditions et les inédits, la part du lion (autour de 80%) appartenant aux romans et novellas. Comme les années précédentes, le fantastique occupe la première place (autour de 45%, chiffre stable), et la légère baisse de la fantasy (-1% par rapport au chiffre de l'année précédente) profite à la SF (+2%), à laquelle appartiennent à peu près un tiers des œuvres publiées. En terme de format, le grand format reste majoritaire au deux tiers, le poche représentant 30% de la production, le petit reste étant réservé au numérique, dont les chiffres n'augmentent pas. Je me suis basée pour ces chiffres sur ceux de BDFI. Le compte rendu complet de l'Observatoire est publié sur le site d'ActuSF.
Pour ceux qui n'auraient pas pu se rendre à Nantes, ou qui ne seraient pas dotés du talent particulier nécessaire pour assister à deux tables rondes en même temps, des enregistrements des conférences sont accessibles sur le site d'ActuSF.