Les Chroniques de l'Imaginaire

La pointe d'argent (Les Annales de la Compagnie noire - 6) - Cook, Glen

Mon nom est Casier. Je n’ai jamais été un membre de la Compagnie Noire, j’étais même dans le camp opposé, l’Empire. Sans le savoir, j’ai croisé la route d’un de ses anciens membres, Corbeau, qui m’a pris sous son aile. Il m’a appris à lire et écrire et m’a conté l’histoire des Annales de la Compagnie Noire, ce qui m’a poussé à écrire ce livre.

En fait, notre histoire commence après la bataille des tumulus, quand le Dominateur a été vaincu par la Dame, la Rose Blanche et la Compagnie Noire. A l’issue de cette bataille, Corbeau voulait tuer la Dame pour impressionner la Rose Blanche, mais un membre de la Compagnie Noire, un certain Toubib, lui a planté une flèche dans la hanche pour l’en empêcher. Repoussé également par la Rose Blanche à laquelle il avait consacré plusieurs années de son existence, nous sommes allés à la cité d’Aviron et avons mené une vie de débauche pendant quelque temps. Cette situation commençait à me lasser, quand brusquement l’attitude de Corbeau a changé. Il a senti, je ne sais toujours pas comment, un grand danger. Nous nous sommes précipités vers le sud, à la poursuite de la Compagnie Noire. Sur cette route qui nous a menés hors des frontières de l’Empire et m’a fait découvrir des lieux dont les noms m’étaient inconnus, nous avons appris qu’elle était accompagnée de la Dame.

Ce que nous ignorions, c’était que la pointe d’argent qui enfermait le pouvoir maléfique du Dominateur allait attirer des chasseurs de trésors. Tout comme Corbeau et moi, les gardes qui surveillaient les tumulus l’avaient délaissée, abandonnant la pointe d’argent dans le tronc du fils de l’Arbre Ancêtre. Mais ce rejeton n’était pas encore de taille à se défendre tout seul face à quelques hommes déterminés. Sans compter que Saigne-Crapaud le Chien était lui aussi présent dans les décombres du tumulus, à la rechercher de son ancien maître, le plus dangereux et le plus fou des Asservis, sans aucun contrôle depuis que la Dame a perdu ses pouvoirs …

Corbeau et Casier traversent l’Empire pour retrouver Toubib et la Dame. Et ils ne ménagent pas leurs montures ni leurs efforts, mais trois semaines de retard ne se comblent pas aisément. Pendant ce temps, les petites frappes qui cherchent à s’emparer de la pointe d’argent déclencheront des événements qui engendreront des cataclysmes. Ce qu’ils sont loin de s’imaginer, pensant juste aux richesses qu’ils pourront accumuler avec le recel de la pointe d’argent. Ils éviteront de justesse l’un de ces cataclysmes, qui fera passer Corbeau et Casier de la position de poursuivant à poursuivi. Sauf si la Rose Blanche, encore au service de l’Arbre Ancêtre, arrive à détruire cette menace.

Poursuivant sur la dynamique des tomes précédents, Glen Cook excelle dans ce style de narration palpitant qui alterne les paragraphes décrivant les aventures d'un personnage à la première personne, et ceux d’autres protagonistes que ce narrateur croisera tôt ou tard sur son chemin. Dans La pointe d’argent, il me semble qu’on a atteint la limite de ce style, car il y a en permanence trois ou quatre groupes de personnages très dynamiques qui évoluent simultanément. Cela rend difficile la lecture et ne permet plus de s’attacher aux personnages principaux. D'autant plus qu’en suivant sa logique, Casier, qui est un ancien soldat, a une écriture plus basique que Toubib ou la Dame, bien qu'elle ne soit pas dénuée d’humour. Malgré ces bémols, découvrir ce qu’il est advenu des personnes laissées dans le Nord par la Compagnie Noire réserve de nombreuses surprises. Surtout que Glen Cook sait faire monter le suspense dans cette situation désespérée pour les habitants de l’Empire, les quelques sorciers administrant l’Empire n’ayant pas le niveau du Boiteux. 

Présenté comme le sixième tome des Annales de la Compagnie Noire, je pense que La pointe d’argent est plus à lire en quatrième position car il conclut les Livres du Nord de belle manière, même si sa lecture n’est pas indispensable et qu’il n’est pas aussi passionnant que les Livres du Sud.