Les Chroniques de l'Imaginaire

Sénéchal (Sénéchal - 2) - Da Rosa, Grégory

Le roman commence au point où s'était arrêté le précédent, à savoir avec l'annonce de la mort du roi, transmise par les cloches de Lysimaque. En fait, en écoutant attentivement, le sénéchal se rend compte qu'il ne s'agit pas exactement de cela, mais de l'annonce d'une agonie, cependant que le quartier de Cambuse brûle. Aussi, apprenant à son retour à l'Isle-au-Roy que le roi est parti en basse ville, il décide de le rejoindre, avec Roufos et quelques hommes d'armes.

C'est ainsi qu'il manque périr à peine sorti du château, écrasé par une foule paniquée par l'information que l'une des portes de la ville a été ouverte pour les assiégeants. Les arbalétriers lui permettront de s'en sortir, au prix de trop nombreux morts. Aussi, quand il apprend, de la bouche d'un Edouard bien vivant que tout cela a été causé par le plan pour le moins imprudent du chancelier, il en voit immédiatement les faiblesses et les conséquences.

Pas toutes celles-ci, néanmoins. Pas que le grand-maître du Syncral, Lucretius, ne supportera pas de voir son Ordre sali dans son entier. Pas qu'une partie importante de la ville croira à la mort du roi telle qu'annoncée par les cloches, et de ce fait, en le voyant vivant, croira qu'il est un nécromant.

Ce tome a les qualités et les faiblesses du précédent. L'action et les rebondissements y sont incessants. Certains de ceux-ci permettent au lecteur de reprendre son souffle, en lui révélant des éléments du passé dont il a besoin pour mieux appréhender à la fois les enjeux de l'histoire, et les liens ambivalents entre le roi et son sénéchal, comme ceux de ce dernier avec sa femme et son fils. C'est intéressant et habilement fait. Même le personnage d'Othon de Ligias, jusque là assez caricatural et manquant d'épaisseur, acquiert dans ce tome une plus grande crédibilité.

Alors que le deuxième tome risque toujours d'être le "ventre mou" d'une trilogie, ce n'est absolument pas le cas ici : il est au contraire à la fois nerveux, dense et mieux rythmé que le précédent, et s'achève sur un suspens au moins aussi frustrant, qui porte à souhaiter de tout son cœur de pouvoir lire le tome suivant sans trop tarder.

Pour ce qui concerne ce que je considère comme une faiblesse, il y a le même abus d'"icelui", et l'emploi de mots rares, mais pas forcément bien employés. Par exemple, l'emploi de "pauvresse" (au lieu de "pauvrette") au sujet d'une dame de cour qui a reçu du vin sur sa coiffe est quasiment un contre-sens.

Cela dit, cela ne gênera sans doute pas les lecteurs qui recherchent un roman de fantasy à l'univers riche et détaillé et aux personnages et à l'intrigue intéressants, et qui ont déjà apprécié le premier tome. En revanche, les tomes se suivent vraiment, et je déconseille tout à fait de commencer par celui-ci. C'est certes possible dans certaines trilogies, mais vraiment pas dans celle-ci !