Mycroft Holmes... Le grand frère de Sherlock est un homme énigmatique, peu connu, sans doute éclipsé par la carrière de détective de son jeune frère. Et pourtant, c'est un homme qui a compté énormément dans le développement de l'intelligence et de l'extraordinaire pouvoir de déduction de Sherlock. Nous sommes en 1858, dans la demeure cossue de Siger et Violet Holmes, les parents de Mycroft et Sherlock. A cette époque, les deux frères sont des enfants, entourés de domestiques, et il y a une chose qui trouble Mycroft.
Violet est une femme d'action, qui est bien loin des standards de femme au foyer de l'Angleterre victorienne. Violet s'absente des journées entières, partant tôt le matin, et revenant tard, une fois le soir tombé. Une situation qui ne semble pas plaire à Siger, mais ce dernier garde sa rancœur pour lui-même, se refusant à en parler à ses fils. Alors, c'est Mycroft qui prend les devants, en analysant les effets personnels de sa mère. Et l'esprit de déduction est à l'oeuvre, devant Sherlock. Avec le peu d'éléments en sa possession, Mycroft parvient à savoir où sa mère se rend, et la retrouve, accompagné d'une domestique et du jeune Sherlock.
Violet se rend de la sorte chez un certain Karl Marx. Un homme imposant, aux idées neuves, parlant de socialisme, et des bienfaits que ce nouveau courant d'idée pourrait apporter aux travailleurs, et à la condition féminine. Des idées séduisantes pour Violet, qui ne s'attend pas à voir arriver Mycroft. Après une scène d'altercation, le jeune homme explique comment il a fait pour retrouver sa mère. Celle-ci est ébahie, tout autant que Karl Marx, qui exige à présent que le jeune garçon, à l'esprit si vif, soit présent à chacune des réunions à venir...
Les années ont passé, Mycroft a obtenu les diplômes les plus prestigieux en un temps record, faisant la fierté de sa famille, incluant les domestiques. C'est à ce moment là que Mycroft se rend compte que Sherlock, qui a grandi également, fait preuve du même esprit de déduction. L'instant est important pour Mycroft, qui en parle immédiatement à Violet... L'idée à présent est de faire en sorte que Sherlock épouse les mêmes idées que sa mère et son frère, au mépris de ce que pense Siger, un homme à la santé désormais défaillante.
Mais Sherlock s'insurge devant les idées qui lui sont présentées, et surtout sur la façon de les faire émerger... Le jeune garçon s'insurge, dénonçant même sa propre famille à la police londonienne, qui ne le prend pas au sérieux. Une réaction étrange, qui est malvenue, et qui pourrait être la base de bien des tourments pour la police londonienne, et même pour l'Armée anglaise...
On ne présente plus la série Holmes, qui en est à présent au cinquième tome, alors que le premier tome sortait en 2006, dans la collection 32 de Futuropolis. Il se passe toujours quelques années entre deux tomes de cette série, scénarisée par Luc Brunschwig et dessinée par Cécil. Et là encore, on comprend tout à fait pourquoi... Ce tome nous permet de suivre l'enfance de Mycroft et de Sherlock, jouant encore une fois sur quelques flashbacks qui sont parfaitement amenés, grâce aux couleurs et à la lisibilité des planches de Cécil. Le récit est complètement maîtrisé de bout en bout, et les auteurs nous en remettent encore plein la vue avec ce nouvel opus. L'enfance des deux frères est magnifiquement travaillée, crédible, et on en découvre un peu plus sur les rapports entre les deux frères, chose que je n'ai personnellement jamais pu découvrir ailleurs que dans cette série.
Si le récit est donc complètement incroyable de richesse, de maîtrise et de foisonnement, il en est de même sur le plan graphique : Cécil ne laisse absolument rien au hasard, chaque case transpire le travail de fourmi et de précision, et met à l'honneur les personnages inventés par Sir Conan Doyle, qui ne pourrait aujourd'hui qu'approuver cette relecture. Holmes est une série à classer dans le haut du panier de ce que le neuvième art produit, je serai à la fois heureux de découvrir le sixième tome, et triste de me dire qu'il s'agira là de l'épilogue de cette histoire qui m'aura accompagné durant plus de 13 ans maintenant...
Un standard à posséder absolument, si on aime le neuvième art.