Cet ouvrage ne se résume pas, ou seulement en deux mots pour dire que son auteur a cherché à donner à percevoir au lecteur d'aujourd'hui la vie d'une moniale du XIIe siècle, proclamée sainte de son vivant.
Pour ce faire, Léo Henry construit une mosaïque savante et étourdissante où passent les onze mille vierges, les Niebelungen et l'Apocalypse, pour ne citer que les plus connus des mythes invoqués.
C'est un texte choral, où interviennent ceux et celles qui ont côtoyé Hildergarde de Bingen (sa mère, ses secrétaires successifs, certaines de ses sœurs religieuses, etc), mais aussi celles et ceux qui l'ont précédée et ont peut-être anticipé, voire préparé, sa venue, comme Ursule et les autres vierges, ou saint Disibod, ou tout simplement ceux qui ont participé aux grands évènements qui ont eu lieu de son temps, les deux premières croisades, par exemple. Il s'agit donc d'une sorte de biographie éclatée, non linéaire, servie par une langue à la fois drue et fluide, ample et d'une grande richesse.
C'était sans doute une façon à la fois de recréer un monde disparu, avec ses échos et rumeurs multiples, et dont la notion de réalité privilégiait les données spirituelles et religieuses par rapport aux faits concrets, et de donner vie à un personnage aux multiples facettes, dont on connaît encore certaines recettes de santé à base de plantes, et des morceaux de musique sacrée. Honnêtement, cela n'a pas bien fonctionné pour moi, qui ai contemplé du dehors le grand souffle de l'histoire, mais je pense que d'autres lecteurs y seront sensibles, et c'est sans doute une curiosité à découvrir quand on s'intéresse au Moyen-Âge.