Les Chroniques de l'Imaginaire

Redrum - Ohl, Jean-Pierre

Stephen Gray ne comprend pas trop pourquoi il a été invité par le milliardaire Onésimos Némos à un colloque autour de Stanley Kubrick sur l'île de Scarba. Certes, il a écrit un livre sur le cinéaste, mais à vrai dire ce n'est pas son premier lien avec Némos, pour lequel son père a travaillé. En effet, ce dernier a créé en grande partie la Sauvegarde pour le compte de Némos, qu'elle a rendu richissime.

La Sauvegarde consiste à enregistrer le contenu du cerveau d'une personne avant sa mort, ce qui permet à sa famille et à ses amis de ne pas la perdre tout à fait. On comprend que cette procédure ait du succès, même si la position de Gray à son égard est pour le moins ambiguë.

Son ambivalence par rapport à sa participation au colloque, elle, tient aux faits que parmi les participants figure son ex-femme, et que lui-même a des liens familiaux avec l'île de Scarba. Mais Kubrick a toujours été son réalisateur préféré, et l'un de ses amis participe également au colloque. Dès le début, toutefois, les bizarreries s'accumulent, et les frontières de la réalité, et de l'humanité, semblent poreuses, sur fond de menaces internationales de grande ampleur.

L'atmosphère de ce roman devient de plus en plus sombre, au fur et à mesure que le monde matériel et les univers virtuels s'interpénètrent. Les personnages n'ont pas grande réalité, mais cela correspond bien à l'ambiance cinéphilique. Le décor global est celui d'une légère anticipation. Les participants au colloque sont archétypiques : la vedette, le pique-assiette, l'intello snob et son mari béni-oui-oui, le pochard...

En somme, une histoire étrange, qui fascinera sans doute surtout les fans de Kubrick.