Le centre de gestion des portes aliens de la station de Médina est en effervescence. Un immense vaisseau vient de franchir la porte de Laconia, à proximité immédiate de la station. Les anneaux extra-terrestres ont permis la colonisation de milliers de mondes au-delà du système solaire. Voici le premier retour.
Un bon tiers de la flotte de guerre martienne avait disparu, il y a trente ans. Duarte, le meneur de la sécession, ne s'est pas endormi pendant que la Terre et Mars pansaient leurs blessures. Lui n'a pas oublié et a fait travailler ses scientifiques et ingénieurs sur la protomolécule.
Le vaisseau placé en protection devant Médina est transformé en un nuage de poussière bouillant en un clin d'oeil.
Laconia débarque aussitôt sur la station de Médina, qui est l'entrée vers le système solaire et la Coalition Terre-Mars. Qui aurait peut-être dû s'inquiéter plus tôt de la disparition d'une large portion de la plus puissante flotte de guerre du système et de ses meilleurs hommes...
Après plusieurs tomes pas franchement réussis, mon attrait pour ce septième épisode n'était pas plus haut qu'à l'ouverture du sixième. Ça a mal commencé en plus.
La mystérieuse introduction du Soulèvement de Persépolis est bien lente, bien ennuyeuse et ne me donne aucunement l'envie de poursuivre plus loin la lecture. D'ailleurs, le point de départ de cette histoire est idiot : quelle nation oublierait qu'un traître s'est tiré avec le tiers de son armée, même trente ans après ?
J'ai fait un effort.
Qui a été récompensé ! Je ne m'y attendais plus. L'histoire concrète démarre vite et bien. Je retrouve l'ambiance qui me botte dans un space opera, celle qui m'avait plu (sans le côté enquête) du premier épisode. Ce roman est amusant à lire, les personnages sont bien choisis, Holden est en retrait (il prend sa retraite, le salaud !) et chaque fin de chapitre donne envie de lire le suivant.
Alors, oui, ce n'est pas mieux écrit que les tomes précédents mais le récit se disperse moins, donne moins l'impression d'être gonflé pour imprimer plus de pages (je valide derechef le besoin de faire régime pour cette série, six cents pages, c'est trop long pour ce que les auteurs ont a dire) et, surtout, les héros et l'univers sont mieux impliqués dans le scénario. L'histoire avance, le stress est palpable et les comportements ne sont pas totalement ahurissants.
Bobbie est toujours aussi chouette à suivre, son développement à son nouveau poste est une bonne idée de la part des auteurs et un bon renouvellement dans la famille Rossinante. De plus, Holden, le boy scout paladin loyal con, est presque mis de côté, ce qui n'est pas pour me déplaire. Nous avons, ensuite, deux nouveaux : Drummer, la président de l'Union des transports (qui gère le trafic entre les portes et les planètes) qui apporte un point de vue éloigné de l'action (les autres personnages sont tous sur Médina) dans le genre d'Avasarala (caméo prêt pour la série télé) mais en moins Deus ex machina - évitez juste de vous poser une question de cohérence sur le pouvoir et le rôle de Drummer ; et Singh, jeune capitaine de vaisseau laconien, mon coup de cœur de ce bouquin, nommé gouverneur d'occupation de Médina. Sa confrontation avec le monde réel au sortir de l'académie, ses réactions et sa volonté sincère font que je m'y suis fort attaché.
Toutefois, à côté de ces bons points, Corey a vite fait de retomber dans ses travers : décisions débiles, sur-sentimentalisation, noircissage de pages sans intérêt. Et puis, ce renouvellement de la série trois décennies après le tome six me laisse perplexe. Hormis des personnages plus vieux et plus lents, Corey n'amène pas grand chose de neuf. Même si je l'aime bien, le principal méchant personnifié de ce roman n'a rien d'original et, comme pour les livres précédents, il ressort du Soulèvement de Persépolis une impression de soixantième épisode d'une série dans laquelle les auteurs n'ont plus grand chose à dire depuis le dixième... D'ailleurs, ils ont oublié de terminer ce roman.
Malgré tout, par rapport à mes attentes, ce septième opus de The expanse est une jolie surprise en cette fin d'année 2019.