Les Chroniques de l'Imaginaire

Seydou (Les Mentors - 2) - Zidrou & Porcel, Francis

Ana a réussi à retrouver son enfant, notamment grâce à l'aide de Joyce, mais pour autant elle ne s'attendait pas vraiment à ce qui lui arrive et à ce que représente son fils, pour ceux qui l'ont volé, mais aussi pour l'Humanité... Pour comprendre cela, il faut s'attarder sur un événement de la vie d'Ana, lorsque cette dernière avait quinze ans et qu'elle se promenait dans le métro madrilène, accompagnée d'une certaine Magdalena, à sortir une jeune fille handicapée, appelée Erykha. Ana se souvient qu'un inconnu l'a félicitée pour son bébé, avant de la toucher à l'épaule, avant de faire de même avec Magdalena et avec Erykha...

Ainsi, ce n'est que bien plus tard que Joyce et Ana se rendent compte que ce simple contact n'était sans doute pas étranger au fait que les trois filles, Erykha incluse, soient tombées enceintes, sans même avoir connu le moindre contact charnel avec un garçon. Exactement comme certains exemples de l'Histoire, comme Adam, Marie ou encore Gilgamesh... Et ce sont les ministres qui tiennent l'endroit où est gardé Seydou qui révèlent à Ana l'existence des Mentors. Des êtres capables de semer la vie dans le ventre de n'importe quelle femme, par un simple toucher. Des être extraordinaires, capables aussi de donner une résistance incroyable à leurs propres mères, au moment de la naissance...

Mais pour Ana, il devient de plus en plus difficile de voir son fils, Seydou, être maintenu prisonnier par cette étrange organisation. Seydou rêve de liberté, mais il sait qu'il ne peut pas : ses gardiens lui ont implanté un mécanisme ingénieux, qui le fait se tordre de douleur dès lors qu'il s'éloigne de quelques centaines de mètres. Une situation qui devient intolérable, pour le jeune garçon, qui est retenu ici pour faire en sorte que de riches femmes célibataires ou ménopausées puissent enfin donner la vie, ou plutôt faire naître de nouveaux Mentors...

C'est à deux histoires en parallèle que nous convient Zidrou et Francis Porcel dans ce second tome de la série Les Mentors, qui paraît chez Grand Angle. D'un côté, nous suivons la relation, très humaine, entre Ana et Seydou, et nous la comprenons via plusieurs flashbacks qui donneront un certain nombre de réponses aux questions levées dans le tome précédent. De l'autre, nous suivons l'enquête de Joyce, qui parvient à reprendre le contact avec Magdalena et Erykha, pour comprendre que toutes les deux ont également donné la vie à des Mentors, gagnant au passage une santé de fer, voire même une élimination de handicap lourd...

Le scénario de Zidrou est toujours aussi intéressant et maîtrisé, même si, avec le recul, on se dit que cette histoire aurait mérité plus de tomes pour pouvoir être racontée avec plus de rebondissements. La série laisse un goût de trop vite, trop rapide, avec une énigme qui se révèle trop vite, même si elle sait rendre les choses efficaces, avec une tension palpable à la moindre planche.

Du côté graphique, les personnages de Francis Porcel sont convaincants, avec des expressions soignées. Pour autant, les planches ne seront pas inoubliables, même si l'essentiel, graphiquement, est bien là, avec de la finesse et de la lisibilité, mais un côté un peu trop inégal, d'une case à l'autre. On alterne le très bon et le moins bon, et c'est un peu dommage.

Au final, Les Mentors est un diptyque sympathique et plaisant, qui se base sur une idée originale. La série ne sera pas la meilleure de Zidrou, mais elle méritera d'être découverte, pour son idée de base originale, et pour sa scène d'ouverture, particulièrement forte.