Ce premier volume de l’intégrale consacrée à Virgin River comprend les deux premiers tomes de la série.
Virgin River
Melinda avait tout pour être heureuse : une vraie vocation pour sa carrière d’obstétricienne et d’urgentiste, un mari aimant, attentionné et partageant son amour de la médecine. Seule ombre au tableau, son impossibilité à avoir un enfant. Toutefois, ce projet se brise avec le reste de sa vie quand son mari, Mark, est abattu alors qu’il faisait ses emplettes à l’épicerie du coin. Pour se reconstruire, Melinda décide quelques mois après de tout plaquer et de postuler à une offre d’infirmière dans une petite ville de l’arrière-pays californien, Virgin River.
À son arrivée, rien ne correspond à l’annonce : le médecin vieillissant qu’elle doit assister ne veut pas entendre parler d’elle, la charmante cabane mise à disposition est un taudis et, à l’exception d’un bar et d’une petite épicerie, les aménités tant vantées n’existent plus depuis longtemps. Même l’école a fermé. Melinda est bien décidée à repartir mais voilà qu’un nourrisson est déposé sur le pas de la porte du cabinet médical et qu’elle est la plus indiquée pour s’en occuper jusqu’à son placement par les services sociaux.
Ce tome introductif est un savant mélange d’humour, de romance, d’action et de description du quotidien de ses protagonistes. Le passage consacré à l’arrivée de Melinda à Virgin River est très réussi, bien qu’il fasse appel à des ressorts narratifs vus et revus : l’annonce mensongère, le comique du décalage entre la situation attendue et celle effective, la perte de repères de la citadine aguerrie dans son nouvel environnement.
Heureusement, Robyn Carr passe vite la seconde avec l’arrivée de la petite orpheline dans la vie de Melinda. C’est alors l’occasion pour elle de décrire avec beaucoup de tendresse ce qui constitue l’un des thèmes forts de la série : la parentalité. Si le métier de Melinda l’amène à côtoyer des femmes enceintes et à réaliser des accouchements, Virgin River n’explore pas seulement la question de la maternité « physique » mais plus généralement de la constitution d’une famille. Les personnages masculins y sont tout autant partie prenante que ceux féminins. Jack, le patron du bar et autre protagoniste phare de ce récit, va ainsi être interrogé sur ses choix de vie.
À Virgin River, la famille, c’est aussi ses habitants, de l’épicière et sa meilleure amie qui adorent regarder des séries à l’eau de rose à la télévision à la vieille Hope McRae, rédactrice de l’offre d’emploi d’infirmière et qui souhaite redynamiser la ville avant sa mort. Le corps des Marines est aussi abondamment représenté et plus encore dans le tome suivant.
Refuge
Paige, fréquemment battue par son mari, a exploité tous les recours pour se libérer de son tortionnaire. Rien n’y fait, malgré les plaintes répétées au commissariat et les promesses de bonne conduite de son époux. La jeune femme a récemment découvert qu’elle était enceinte et l’annonce de sa grossesse imprévue a déclenché une autre avalanche de coups, la dernière qu’elle s’est forcée à supporter. Elle a jeté quelques bagages dans sa voiture, récupéré son fils à la crèche et pris la fuite.
Paige espère quitter l’État et changer d’identité pour que son mari ne la retrouve jamais, quitte à devenir elle-même hors la loi. Mais voilà qu’une poussée de fièvre soudaine chez son fils la pousse à s’arrêter pour la nuit à Virgin River. Elle trouve refuge dans le bar de Jack où Vic, le cuisinier, est bien décidé à l’aider.
Dans ce second tome, on quitte l’univers du deuil pour entrer dans celui, non moins sombre, des violences conjugales. Le récit de la descente aux enfers de Paige est crédible et même glaçant de réalisme. Loin du côté fleur bleue auquel on pourrait s’attendre dans une romance, les conséquences parfois irréversibles de ce genre de relation toxique ne sont pas épargnées aux lecteurs.
Le rythme du récit est plus prenant que dans le premier tome. D'abord en raison de la menace omniprésente et très bien rendue qui plane sur Paige : son mari refusant de la laisser en paix et se déclarant prêt à la tuer, la jeune femme doit prendre son courage à deux mains pour traverser la rue. Ensuite en raison de l’attention accrue portée aux autres personnages.
Ce tome est bien sûr surtout l’occasion pour Robyn Carr de développer l’un des personnages entrevus dans le premier tome, à savoir Vic, géant timide et meilleur ami de Jack, dont le sens des principes va le conduire à aider puis à tomber amoureux de sa nouvelle protégée. Ses interactions avec Christopher sont d’ailleurs adorables à lire.
L'auteure n’hésite pas non plus à se lancer dans d’autres histoires parallèles comme celle de la grossesse involontaire d’une adolescente de quatorze ans ou les mystérieuses allées et venues d’un trafiquant de drogues.
Cette intégrale plaira donc à tous les amateurs de romances, de petites villes pas si tranquilles que cela et, surtout, de bébés. En revanche, les réfractaires aux scènes d'accouchement ou à la parentalité devront sans doute passer leur chemin.