Les Chroniques de l'Imaginaire

La Compagnie des Glaces (La Compagnie des Glaces - 1&2) - Arnaud, G.J.

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la série complète d'anticipation de G.J. Arnaud, La compagnie des Glaces.

Chaque recueil contient deux tomes.

Tome 1 : La compagnie des Glaces

Il y a deux cent cinquante ans, la Lune a explosé, provoquant une glaciation de la Terre à cause des poussières recouvrant la planète. Les Hommes, les survivants, se sont vite rendu compte que pour survivre, la solution était de se réfugier dans les trains et de toujours se déplacer.

Ils ont donc construit des centaines, des milliers de nouvelles voies, et des villes entières se déplacent sur les rails. Cinq ou six compagnies ferroviaires régissent la planète, et se font même la guerre.

Comme dans toutes les sociétés, le fossé se creuse entre les pauvres et les riches, les premiers n'ayant même pas les moyens de s'acheter des combinaisons protectrices, et les seconds qui peuvent s'offrir quelques jours de vacances dans un ersatz de plage reconstitué sur les rails, buvant du champagne synthétique et mangeant des mets ayant disparu depuis longtemps de la surface de la Terre.

C'est dans ce contexte que Lien Rag, un glaciologue, va faire une découverte horrible lors d'une mission de reconnaissance. Il soupçonne la Compagnie de mentir, et de cacher bien des atrocités.

Il va donc se lancer dans une quête de la vérité qui va lui faire rencontrer des gens de tous bords, y compris des Hommes Roux, cette espèce bien mystérieuse. En effet, ces êtres, ressemblant à s'y méprendre à des humains, résistent sans problème à des températures avoisinant les -50 degrés. Leurs corps sont recouverts d'une toison rousse et ils vivent nus. Hommes, femmes et enfants sont payés par la Compagnie qui leur fournit de la nourriture pour nettoyer les dômes protecteurs des villes, des gares, de la neige et de la glace qui tombent continuellement. Lien va même faire connaissance avec l'un d'eux, au statut un peu particulier.

Le glaciologue va également rencontrer deux femmes, l'une très puissante, car détentrice d'une grosse partie des actions de la Compagnie, et l'autre dont il va tomber réellement amoureux, danseuse dans les cabarets.

Ce roman est le premier tome de la plus longue série de SF écrite par un même auteur (62 tomes pour la première série, puis encore 35 tomes dans deux séries complémentaires). Ecrit en 1980, il se traduit par un style un peu vieillot. Court, à peine 150 pages, l'histoire va beaucoup trop vite, on manque parfois de détails pour apprécier pleinement les situations. Tout s'enchaine à une vitesse folle, la notion du temps n'est pas toujours évidente. Cela se lit vite, certes, mais donne un peu le tournis.

En revanche, s'il est une chose qui n'est pas oubliée dans ce roman, c'est le sexe. Malgré le froid, tout transpire la bestialité. Les Hommes Roux vivent nus, le sexe apparent, et font fanstasmer les femmes - et les hommes. Les divers personnages féminins sont de véritables bimbos lubriques qui se déshabillent très très souvent, tombent amoureuses à une vitesse incroyable pour ensuite accepter de se faire violer par des soldats sans rechigner. Dans ce monde glacé, on va par exemple pouvoir visiter un cabaret surchauffé et empli d'une vapeur poisseuse contraignant les visiteurs à très vite se déshabiller entièrement...

Mais tout n'est pas négatif, loin de là. L'atmosphère glaciale, la dictature déguisée de la Compagnie et surtout de la Sécurité qui gère la circulation des trains, le fossé riches-pauvres, les trahisons, les secrets, tout cela rend ce premier roman intéressant et agréable à lire. L'écriture, bien que trop rapide, est fluide, dynamique. Le monde imaginé par l'auteur est surprenant, bien pensé. On a envie d'en savoir plus.

Tome 2 : Le sanctuaire des Glaces

Lors d'une soirée prestigieuse organisée par la Compagnie pour ses actionnaires, petits et gros, la fille du gouverneur ainsi que d'autres actionnaires se font enlever. Une forte rançon est exigée auprès du Gouverneur. Celui-ci va confier la mission de délivrer l'argent aux ravisseurs et de récupérer Floa, sa fille, à Lien Rag, le glaciologue en qui il a toute confiance depuis leur rencontre dans le tome précédent.

Comme dans le précédent opus, on va assister à des joutes ferroviaires, des déplacements de trains immenses, de loco-car, des trahisons, des rebondissements.

Lien va notamment en apprendre encore un peu plus sur ces fameux Hommes Roux. Il va même peut-être pouvoir découvrir l'origine de ces êtres étranges qui supportent un froid intense.

On ressort de cette lecture avec la même impression : trop court, pas assez détaillé, certains aspects méritant d'être beaucoup mieux exploités (le racisme, la religion, la dictature), d'autres moins (la misogynie de l'auteur se traduit à travers les deux femmes que sont Floa, une nymphomane pure et dure, et Yeuse, une danseuse exhibitionniste).

C'est une saga des années 80 à lire par des lecteurs des années 80. Depuis cette époque, on a été habitués à des œuvres littéraires, qu'elles soient du monde de l'imaginaire ou pas, bien plus abouties et bien plus travaillées et il est difficile de s'approprier cette œuvre qui, et je le conçois parfaitement, a eu un succès amplement mérité à sa sortie.

La compagnie des Glaces n'est pas comme un bon vin, elle vieillit mal.