L'Yrlanie, petite presqu'île des Terres d'Arran, est divisée en quatre royaumes gouvernés par des hommes qui s'apprécient peu. Qui ont chacun envie de réunifier l'Yrlanie sous leur propre bannière.
A Karostatt, dans un palais démesuré et d'un autre temps, le mage Altherat apporte conseil et soutien au roi du clan Karsson, Goddrik. Identique à ses trois confrères yrlaniens : abruti par le pouvoir, l'ambition et amusé par sa propre cruauté.
Altherat n'est pas ravi de sa position mais oeuvre, malgré tout, au mieux de l'intérêt collectif de la population, tentant dans la mesure de ses moyens de refréner les envies sanglantes de son roi. Ce qui est inhabituel pour quelqu'un de la branche d'Altherat, dont la plus célèbre représentante sur le continent est Lah'saa.
Parce qu'Altherat est nécromancien.
Et Goddrik va bientôt lui offrir de la matière à travailler. La guerre n'est plus qu'une question de jours.
Les zombies, goules et mages noirs ont donné beaucoup de boulot aux héros des Terres d'Arran (non, pas ceux qui fabriquent du whisky), qu'ils aient des oreilles pointues, une barbe ou la peau verte. Ainsi, je m'attendais à quelque chose dans le genre pour cet album.
Istin a eu une idée complètement différente avec Altherat. Pas de cassage de zombies, de sorcier démoniaque ni de ville envahie, Altherat le nécromancien, au service malgré lui d'un roi qu'il n'aime pas (le rôle et la servitude des mages ont été expliqués dans le tome deux), est plongé au cœur d'une intrigue politique et d'une romance gothique digne des écrits de Poe.
C'est étonnant et inattendu.Si ce n'est pas le genre de récits qui m'inspire le plus, je dois reconnaître qu'Istin l'a bien tourné. Il y développe une structure complexe et une ambiance inhabituelle dans une bande dessinée de l'univers des Elfes. Il s'en dégage une impression de finesse et de justesse. Avec un nécromancien comme acteur principal, voilà qui sort de l'ordinaire.
Du côté du graphisme, comme pour tous les épisodes sur les Terres d'Arran, c'est du haut niveau. Laci présente des personnages splendides aux atours fourmillant de détails d'une belle précision. Il n'y a que l'effet de flou des environnements lointains qui me semble trop appuyé. Pour les couleurs, Digikore studios est aux pinceaux et comme toujours, le boulot de cet atelier est brillant.
Bref, Istin et Laci nous ont préparé un album de BD joliment léché et surprenant... Humain, en fait !
