Nous sommes dans un futur assez lointain, mais peut-être pas tant que ça, puisque nous sommes en compagnie de Liz Anderson et de 120 personnes, au sein de la colonie martienne Endeavour. Bon nombre de nationalités sont représentées sur Mars, autour d'un moyeu central qui donne sur les différents modules des différents grands continents. Ainsi, Liz est habituellement dans le module américain, notamment sous le commandement de Connor et de Harrison. Mais l'heure est à la fête, au sein du module chinois, et Liz, depuis quelques temps, aime être en compagnie de Jianyu, qui est le chirurgien le plus expérimenté au sein de la colonie Endeavour, et qui est un homme avec qui elle est en couple depuis peu...
Mais les choses sont sur le point de changer radicalement, avec une nouvelle hallucinante en provenance de la Terre. Cela commence par un changement radical de comportement de la part de Wen, la commandante chinoise, qui demande à tous les Américains, sans exception, de retourner immédiatement dans leur module. Puis cela se poursuit avec les explications de Connor : sur Terre, plusieurs villes, autour du globe, ont été purement et simplement ravagées, avec des ogives nucléaires qui se sont abattues sur New-York, San Francisco, mais également Shanghai et d'autres capitales mondiales. Les informations sont parcellaires et on ne sait pas encore qui a tiré le premier, ni même pourquoi...
Alors, Liz va maintenant être confrontée aux autres scientifiques présents sur Mars, que ces derniers soient américains, chinois ou encore russes ou européens... L'Homme doit-il reproduire sur Mars le concept de nations à défendre, ou faut-il, au contraire, se serrer les coudes pour pouvoir mener la mission Endeavour à bien ? Il semble que le choix tende vers cette solution, chaque module renfermant des membres clés de la mission en cours, une mission qui est censée durer dix ans, avec des modules qui viennent approvisionner régulièrement en nourriture la colonie martienne...
Mais il semble que la prochaine livraison soit perturbée, et que la suivante n'aura pas forcément lieu. Pour Connor et Harrison, les nouvelles en provenance de la Terre ne sont pas claires, et il se pourrait bien que les hommes sur Mars soient bientôt livrés à eux-mêmes. Liz est ainsi bien souvent désespérée. Elle sait que la réussite de la mission passe par la bonne entente entre tous les modules. Mais elle ne sait pas encore que les hommes sont observés, par une intelligence qui les dépasse fortement pour le moment...
C'est à Peter Cawdron que l'on doit ce Rétrograde, qui est le premier roman de l'auteur australien à paraître en France, et c'est à Folio SF que l'on doit cette très jolie édition poche d'un récit d'anticipation qui fait froid dans le dos, après une première parution aux éditions Denoël. Autant être clair : le récit est complètement efficace et tient ses promesses, avec une écriture fluide, et des rebondissements qui ne manquent pas dans ce livre.
Rétrograde n'est pas comparable à un film comme Seul sur Mars : on est ici sur quelque chose de totalement différent, avec plus d'une centaine de personnes présentes sur la planète rouge. Et c'est là où repose le principal inconvénient de Rétrograde : alors qu'on a plus d'une centaine de personnes, on a l'impression de tourner autour de cinq à dix personnages au maximum, sans avoir beaucoup d'éléments de nationalités complètes. Si on est souvent en compagnie des Américains et des Chinois, histoire d'amour entre Liz et Jianyu oblige, on n'entend que très rarement parler des Russes, et encore moins des Eurasiatiques. C'est assez dommage, cela aurait pu être développé encore bien plus, avec un roman qui aurait pu être beaucoup plus étoffé, au vu de la matière qu'il y avait pour ce faire...
Il n'en demeure pas moins pour autant que ce Rétrograde est une lecture agréable, intéressante, qui nous fait nous poser des questions sur notre nature d'êtres humains, et sur le futur de notre espèce, à un moment où on entend de plus en plus parler d'une prochaine mission sur Mars, bien réelle cette fois-ci. Un roman somme toute efficace, même s'il a quelques défauts, à mettre entre un maximum de mains fans de science-fiction !