AssaSynth, l’unité androïde de protection rapprochée séditieuse, a fait la lumière sur son passé et détient à présent des preuves des agissements illégaux de la compagnie spatiale GrayCris. Hélas, iel apprend que la société détient celle qui a acheté sa liberté, le Docteur Mensah de la planète Préservation. La compagnie croit que le docteur est à l’origine des agissements d’AssaSynth et demande une rançon pour sa libération. Ils souhaitent aussi bien sûr récupérer les informations sensibles en sa possession.
C’est l’heure pour AssaSynth de se confronter de plein fouet à sa part d’humanité et d’endosser la responsabilité de ses actes. Sa fuite a été lourde de conséquences pour ses anciens amis qui ne sont en outre pas pleinement au courant de la nature des preuves qu’iel a récoltées contre GrayCris, alors même qu’elles les exposent au danger.
Ce tome est la conclusion logique de la série. On y voit AssaSynth finaliser son évolution de robot-objet à personne à part entière, fort de tout ce qu’iel a pu apprendre au cours de ses aventures précédentes, que ce soit auprès du vaisseau Eve, dans le tome 2, ou de l’androïde de compagnie Miki, dans le tome 3. Seule constante : son amour des séries, en particulier d’Apogée et Déclin de la Lune sanctuaire, touche d’humour bienvenue au milieu des innombrables scènes d’action de cet opus. Car ce tome final de la série est encore une fois très visuel, donnant presque par moment l’impression de regarder un film d’action bien pêchu et un peu déjanté, à la Total Recall. La tentative de sauvetage de Mensah est particulièrement bien écrite.
Au milieu de tout cela, Martha Wells insère quelques dialogues finement ciselés. Rapides et efficaces, ils interrogent la nature même de l’AssaSynth et de ses relations avec les humains comme les machines.
Tous les points forts de la série sont donc au rendez-vous. Ses quelques points faibles le sont aussi. Jusqu'alors, la maigre caractérisation des personnages secondaires n’avait pas porté ombrage au talent de la série : naviguant d’une scène d’action à l’autre, d’un vaisseau à une station spatiale, d’un épisode de série au visionnage de publicités virtuelles, le lecteur pouvait se dispenser d’un attachement à des personnages vite disparus des écrans. L’ennui, c’est qu’on retrouve dans ce tome les personnages secondaires du tome 1 et, à part quelques grands traits de caractère - l’altruiste Mensah, l’orgueil de Gurathin, l’humain augmenté… -, ils ne sont pas mieux décrits ni plus intéressants qu’au début. On peine davantage à s'intéresser à leur sort. L'univers n'est également pas mieux connu que lors du premier tome.
Stratégie de sortie offre néanmoins un très bon moment de lecture qui plaira aux fans de la série qui recherchent encore une fois un héros atypique, de l'action à gogo sans se préoccuper de la profondeur de l'univers.