Les Chroniques de l'Imaginaire

L'éveil du Dragon (Les chroniques du Sheng Xiao - 1) - Brin, Benjamin

Victime de bouffées de chaleurs curieuses, Aldwin Ryuu se lie avec Léna, une jeune fille qui le fournit en mystérieuses potions pour faire disparaître la douleur. Elle refuse de l'éclairer pendant des semaines, mais finit par lui dévoiler qu'il est la réincarnation du Dragon du zodiaque sino-japonais et qu'il est en train d'entrer en possession de ses pouvoirs. D'abord éberlué, Aldwin accepte vite de tout abandonner derrière lui et de rejoindre les autres Gardiens du Sheng Xiao dans leur palais magique. Ils pourront ainsi contrer la menace du retour de Chat, qui veut exterminer l'espèce humaine pour se venger d'avoir été évincé.

La curiosité est un vilain défaut. Plumes de marmotte est une toute nouvelle maison d'édition : son nom me faisait rêver et m'a donné envie de découvrir son programme de parution 2020 ambitieux. L'éveil du Dragon est le premier tome d'une trilogie s'intéressant à la mythologie asiatique. Malheureusement, je n'ai pas été convaincue et ne compte persévérer ni avec l'auteur, ni avec l'éditeur qui à mon sens aurait dû effectuer plus de travail sur le manuscrit.

Le style est plat et maladroit, avec un niveau de langage minimaliste abusant notamment de "trucs", voire de "trucs du genre". Les protagonistes dialoguent avec un vocabulaire très familier type "ah bah quand même". Si je peux comprendre qu'Aldwin, du haut de ses dix-huit ans, utilise un langage aussi pauvre, cela me choque de la part de l'Empereur de Jade et des plus vieux Gardiens, avec leurs millénaires d'existence.
De plus, le texte est parsemé de petites fautes : conjugaisons erronées, mélanges de temps, mots mal employés, même la ponctuation est douteuse ! C'est vite fatigant à lire.

Ce qui me gêne plus, c'est que cette absence de relecture touche autant le fond que la forme. La mise en place est très longue, avec de longs passage totalement inutiles (la description détaillée de la première journée d'armée d'Aldwin, ou celle de la traversée de la ville de Brest) puisqu'Aldwin ne reviendra pas dans notre monde de sitôt.
Le comportement d'Aldwin ne semble pas du tout naturel. Il est malade mais n'en parle à personne, préférant prendre un médicament fourni sans explication par une inconnue ? Il part à la recherche de Tigre en prenant tout son temps (resto, dodo) alors que ses compagnons l'attendent ? Hum...
Et puis... pourquoi tous les Gardiens du Sheng Xiao sont-ils Français ? Ils préfèrent fêter Halloween que le nouvel an chinois. Voilà qui semble très chauvin !

Les personnages principaux sont assez typés : Phénix est un vieux ronchon, Serpent une aguicheuse, etc. Tous partagent le même humour de bas étage douteux, utilisant des noms d'animaux communs en lieu et place du signe de leurs amis (poulet pour Phénix, lézard pour Dragon...), même si leur petit sobriquet favori - tous personnages confondus - semble "crétin". Ils forment une grande famille de cœur, dans laquelle Aldwin trouve sa place immédiatement. Il faut dire qu'il avait un nom prédestiné (Ryuu signifiant "dragon" en japonais) !

Si le début est mou, la suite mêle action (les Gardiens luttent contre des yokaï et autres adversaires fantastiques), humour (le vieil Empereur de Jade se montre souvent ridicule) et moments de détente permettant aux personnages de se lier d'amitié.

Dernière remarque : Quand on copie mot pour mot un texte que l'on n'a pas écrit soi-même (en l’occurrence "La légende des douze animaux du zodiaque chinois" issue de Les douze animaux et leur place dans la culture chinoise de Zang Fang, 2001), il est de bon ton d'indiquer sa source, plutôt que de l'inclure dans un livre écrit pas l'un des protagonistes du roman, donnant ainsi à penser qu'on en est l'auteur.

A réserver à des lecteurs qui veulent de l'aventure fantastique young adult, mais qui ne sont pas trop regardants sur la qualité de la plume.