Les Chroniques de l'Imaginaire

Ace in the hole (Wild cards - 6) - Martin, George R.R. & collectif

Atlanta, Géorgie. Juillet 1988, la convention démocrate s'ouvre dans la chaleur moite du sud des Etats-Unis. Les délégués de tout le pays vont élire le représentant du parti pour les élections présidentielles à venir. Les principaux candidats en lice sont Hartmann, le favori, le libéral, le héros des jokers et des rejetés ; suivi de près par deux hommes d'église : Barnett, le représentant du sud conservateur, partisan de la ligne dure contre les non naturels, et Jackson, le pasteur meneur de la communauté afro' ; et par Dukakis le modéré.

Le centre Omni chauffe. Les têtes chauffent. Qui épanchera sa soif de pouvoir ? The winner takes it all !

Comme je lis un bouquin de cette série tous les dix-huit mois ou deux ans, je démarre toujours avec le même problème que chaque livre de Martin qui passe dans mes mains : j'ai oublié la moitié des acteurs et je me souviens trop vaguement des actions et vies des autres. Et il n'y a pas d'index des personnages comme dans le Trône de fer, ici. Enfin, il existe de la documentation sur internet.

Si je ne sais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant la couverture, le talent du vieux Martin est de très (très) vite relancer la machine. Vu que, comme pour le tome trois, il édite Ace in the hole en intégrant toutes les nouvelles de ses collègues du projet Wild cards en un seul texte continu, le lancement de la convention démocrate a le même punch qu'un départ de quart de mile. Ce qui est génial.

Ce sixième opus de Wild cards regroupe Golden boy de Williams, Hartmann de Leigh, Mackie et Sara de Milan, Spector de Simons et Tachyon de Snodgrass, pour les principaux, sous un même toit. La continuité d'Ace in the hole est, en effet, un gros avantage pour assurer un rythme relevé et tendu tout au long du récit. Il y a beaucoup d'action, de manipulation (Hartmann et le Marionnettiste sont au centre de l'histoire), de traîtrise, de renversement, de sexe et d'alcool. Et pour coller un environnement réaliste au déroulement du bazar politique, Martin et ses compères ont placé l'intrigue dans (et autour) de l'arène d'Atlanta où s'est vraiment tenu la convention démocrate de 1988 (les connaisseurs y reconnaîtront Dukakis et Jackson).

Dans le colisée, les politiques, les as, les jokers forment un mélange brûlant, prêt à exploser à chaque instant. Sauf que, malgré la volonté de Martin de cadrer les textes, l'ensemble s'éparpille trop par moment, laissant une impression de fouillis mal digéré et hors de contrôle. Ces passages font patiner le scénario dans une espace de mélasse collante.

La solution habituellement présentée par les auteurs est de passer à d'autres personnages suffisamment longtemps - la ligne du temps est continue, la narration ne revient pas en arrière, rarement en simultané - avant de revenir plus tard sur la situation boueuse, finalement nettoyée d'elle-même. Ou alors, c'est l'heure d'envoyer la séquence de baise et de picole. Le sexe et l'alcool sauvent tout !

Enfin, n'oublions pas qu'avec Ace in the hole, nous sommes dans le monde rêvé du Marionnettiste : la politique et la manipulation. Si la politique US et la nomination d'un candidat pour les élections présidentielles ne vous bottent pas, vous n'allez pas passer un bon moment avec ce roman.

Personnellement, j'apprécie ce type d'histoire et la lecture de ce livre m'a fait sourire plus d'une fois au regard de ce qui se passe cette année pour la désignation du candidat démocrate aux élections américaines de 2020. Comme de lire le nom de l'adversaire républicain, seulement quelque part après les deux tiers du bouquin.

Ace in the hole clôture, finalement, l'arc scénaristique débuté à l'épisode quatre correctement.
Juste correctement à mon avis. Martin et ses copains auraient pu faire mieux. Il y a énormément de choses bien foutues dans ce roman, et je me suis bien amusé à le lire, toutefois, la fin qu'ils présentent après tous ces développements ne me satisfait qu'à moitié. La conclusion est molle.

Mais, heureusement, après tout ce bordel, on peut se rattacher au bon sens des Américains. Bush a été élu en 1988 après deux mandats de Reagan !