La Ligue solarienne a mis en action l'opération Boucanier, le plan proposé par Caswell Gweon à l'amiral Kingsford, et approuvé par les "mandarins", visant à "décourager" les systèmes neutres, ou prévoyant de quitter la Ligue, de faire l'un ou l'autre. Certains des officiers chargés de l'appliquer n'en sont pas fans, et d'abord à cause des probables conséquences à plus ou moins long terme pour la Ligue elle-même, mais leurs ordres sont clairs. Et si les Manties n'ont rien à leur opposer, ou pas suffisamment pour faire une différence, tant mieux, c'est même le but, après tous les coups que la Flotte de la Ligue a pris sans pouvoir riposter efficacement.
A la Vieille Chicago, les chasseurs de fantômes sont frustrés : ils sont de plus en plus sûrs d'avoir repéré des agents de ceux qu'ils appellent les "Autres", mais ils ne peuvent toujours rien prouver. Ils n'en continuent pas moins d'accumuler les indices, tout en observant avec une angoisse croissante la direction que prend la guerre en cours. Cette angoisse va être encore accentuée par les évènements survenus sur Mesa au moment de l'arrivée de la flotte de l'amirale du Pic-d'Or.
Damien Harahap est surpris d'être encore en vie. Surpris à double titre, mais s'il avait envisagé que ses ennemis - ou du moins les ennemis de ses employeurs - le laissent vivre jusqu'après un interrogatoire approfondi, il se demande vraiment comment il peut avoir échappé à l'apparente épidémie de morts naturelles foudroyantes qui semblent frapper tous les agents repérés de l'Alignement, de Maya à la Vieille Chicago, en passant par Manticore. Et il est, heureusement, assez sensé pour s'abstenir de tout mensonge en présence de chats sylvestres.
Ce dernier roman paru dans l'univers d'Honor Harrington clôture à la fois la série principale, au sens où on y voit agir l'héroïne éponyme, mais aussi les arcs scénaristiques "annexes", notamment celui développé dans Les bas-fonds de Mesa. On y apprend également, rapidement et par raccroc, dans la plupart des cas, les suites des intrigues développées dans L'ombre de la victoire et concernant plusieurs planètes. Quand je parle de "clôture", toutefois, il va de soi qu'il ne s'agit que de l'aspect immédiatement militaire de l'action. Les menaces à l'arrière-plan demeurent, même si l'on peut imaginer que la disparition d'Albrecht Detweiler aura des conséquences funestes sur l'Alignement lui-même, dans la suite du temps.
Comme dans beaucoup de romans de la série, les batailles spatiales y tiennent une place importante, et l'alternance de points de vue entre les militaires à bord des vaisseaux impliqués et les autorités, ou autres personnages, sur les planètes ou habitats ne fait que renforcer le rythme et l'intérêt de l'action elle-même. David Weber n'a rien perdu de son talent pour créer des personnages attachants, même quand ceux-ci n'apparaissent que pour une très courte durée. Et dans cet ordre d'idée, les lecteurs qui se sont attachés à d'autres personnages récurrents qu'Harrington elle-même doivent s'attendre à un gros choc, car on en perdra beaucoup d'un coup.
C'est le premier roman de la série que je lis en français depuis longtemps, et j'ai été impressionnée par la qualité de la traduction de Michel Pagel : il s'est clairement familiarisé avec l'univers, et cela se voit. On retrouve vraiment dans ce tome l'ambiance de la version originale, et c'est très agréable.
Enfin, je ne peux que recommander aux lecteurs qui en ont la possibilité de m'imiter et de lire au format électronique, qui permet d'enchaîner la totalité de l'histoire, sans devoir s'interrompre, si peu que ce soit, après avoir lu la première partie, du fait que la version papier est publiée en deux tomes, chacun copieux.