Les Chroniques de l'Imaginaire

Sur un malentendu, tout devient possible - Collectif

Ce recueil de nouvelles comprend onze histoires écrites par des auteures françaises autour d’une idée : celle d’un malentendu, d’un quiproquo rendant une histoire d’amour possible. 

Trop beauf pour être vrai, Alex d’Aboise

Valérie, journaliste, décide de faire un article sur les sites de rencontres. Pour renouveler un peu son approche de ce sujet maintes fois traité, elle décide de jouer les cobayes et de s’inscrire. Malheureusement, sa colocataire volage se prête au jeu et s’amuse à accepter des rendez-vous à sa place. Quand celle-ci lui demande de la remplacer au pied levé, Valérie n’accepte qu’à contre-cœur, pour le bien de son article, et ne tarde pas à rencontrer un beau spécimen de goujat. 

L’origine du malentendu de cette nouvelle apparaît assez vite. On passe néanmoins un bon moment, surtout si on a eu l’expérience des sites de rencontres et des personnes un peu étranges qu’on peut y croiser.

N’habite plus à l’adresse indiquée, Laura Bennevault

Madeleine aime sa petite vie rangée : son travail tranquille à la pharmacie, ses parties de cartes avec ses voisines âgées, ses soirées cocooning chez elle. Un jour, elle reçoit un courrier adressé à l’ancienne locataire de son appartement et qui est resté plus de dix ans égaré à la Poste. Elle découvre une lettre d’amour écrite par un lycéen. Elle décide de réunir les deux tourtereaux et de bouleverser par là-même son quotidien.

J’ai beaucoup aimé l’atmosphère bon enfant dégagée par cette nouvelle, son héroïne un peu lunaire, l’abondance de bons sentiments. 

Le bonheur est dans le peu, Carole Cerruti

Kathleen est une célèbre styliste à l’appartement gigantesque et à la garde-robe tout aussi énorme. Lors d’un vernissage, elle tombe sous le charme d’un homme au mode de vie bien différent du sien : il souhaite limiter le nombre de ses possessions matérielles et ne consommer que l’indispensable. Bien décidée à le séduire, Kathleen s’installe dans une caravane pour se faire passer pour une minimaliste. 

Je ne sais pas trop quoi penser de cette nouvelle. Bien qu’elle soit bien écrite, je n’ai pas été séduite par la personnalité de fashionista un peu superficielle de l’héroïne et comprends encore moins pourquoi elle tient absolument à séduire quelqu’un avec un mensonge aussi flagrant. 

On n’est pas sérieux quand on a trente-trois ans, Fanny Gayral

Grégoire, médecin, a une peur bleue des dentistes. Aurélia, dentiste, a une peur bleue des médecins. Lorsque deux de leurs amis se marient et veulent les présenter l’un à l’autre, un stratagème est donc nécessaire. Grégoire venant de rompre avec une danseuse de salsa, il sera présenté à Aurélia comme professeur de danse. Aurélia venant de rompre avec un parachutiste, elle sera présentée comme telle. 

Cette nouvelle, très mignonne, alterne les points de vue entre Grégoire et Aurélia et parvient à nous maintenir en haleine.

J’peux pas, j’ai sangria, Caro Manaël

Clara, éternelle étudiante, reçoit par erreur une lettre d’acceptation pour un stage de travailleur social en Martinique adressé à Candice, l’ancienne locataire de son appartement. Déterminée à changer de quotidien, elle décide de prendre la place de Candice en se faisant passer pour elle. Une fois sur place, sa mission est plus dure que prévu, tant au niveau de son stage que de son mensonge.

Il s’agit sans doute de la nouvelle que j’ai le moins appréciée. L’héroïne ment pendant plusieurs mois et vole sciemment le stage d’une autre personne… J’ai du mal à avoir la moindre compassion pour elle. C’est dommage car le style d’écriture est plutôt agréable, à l’image des autres nouvelles de ce recueil.

Un sacré karma (défectueux), Déborah J . Marrazzu

Émilie est pâtissière. Elle peaufine le gâteau de mariage de sa meilleure amie lorsqu’un inconnu, qui s’avère être Liam, le frère du marié, l’enlève et la traîne jusqu’à l’autel, croyant par erreur qu’il s’agit d’une demoiselle d’honneur retardataire. Émilie est ridiculisée et est tout sauf ravie quand elle le croise quelques jours plus tard dans sa boutique.

Cette nouvelle, assez humoristique et légère, dispose de personnages principaux sympathiques. Son amorce est cependant un peu confuse.

Une bouteille à la mer, Sandra Mézière

Un chanteur sur le retour, Fred, reçoit un magnifique texte d’un auteur anonyme. Seule indication de sa provenance : la mention d’un village. Quand la chanson qu’il en tire devient un hit, la chasse à l’auteur du texte devient l’enjeu principal de cette petite ville endormie. De la mairie à la maison de retraite, on s’interroge. Des couples se forment et se déchirent à cause de la chanson, tous croyant deviner à un moment ou à un autre qui l’a écrite et pour qui.

Cette nouvelle fait vivre des romances à un village tout entier. Certaines sont plus touchantes que d’autres mais il y en aura bien une qui saura combler le lecteur !

L’amour en retard, Audrey Perri

Juliette roule à toute vitesse pour mettre le plus de distance possible entre elle et son ex Nicolas quand elle est arrêtée par un beau policier. Feignant d’être enceinte et en proie à un malaise pour échapper à une contravention, elle a la désagréable surprise de le retrouver à l’anniversaire de mariage de sa meilleure amie Delphine. 

Eh bien, encore une protagoniste menteuse ! Le mensonge est ici cependant plus innocent et bien vite avoué. La protagoniste, qui a tendance à dire la première chose qui lui passe par la tête sous l’effet du stress, est au demeurant plutôt sympathique.

L’inconnu qui avait un nom, Amélie Petitpas

Jeanne rencontre un bel inconnu à la plage alors qu’elle garde son neveu. Si le jeune homme, Thomas, semble bien la connaître, elle a beau chercher dans ses souvenirs, impossible de se souvenir de lui.

Cette fois, ce n’est pas la femme qui ment ! Il y a pourtant bien un mensonge dans cette histoire, qu’on ne découvre qu’à la fin. Comme vous l’aurez compris, je ne suis pas une grande fan du mensonge, même s’il constitue ici un ressort narratif plutôt efficace. 

La mission de Noël, Colombine Rossier

Blandine est professeur de danse pour une agence d’aide à la personne sous un alias. Malheureusement pour elle, l’un de ses clients n’est autre que Léopold, qu’elle a plaqué de manière peu honorable quelques années auparavant. Elle n’ose pas le croiser à nouveau et propose à sa voisine sans emploi, Marion, de la remplacer au pied levé. 

J’ai adoré le personnage coloré et un peu excentrique de Marion. Le personnage de la vieille voisine à l’affût des visites de Marion à Léopold est également croquignolesque. 

Salade de fruits, jolie, jolie, jolie, Gala de Spax

Cerise fantasme sur son patron, Nicolas, mais celui-ci lui adresse à peine la parole. Avec son amie Juliette, elle décide de créer un faux compte Instagram, de se faire passer pour une belle princesse étrangère intéressée par un gala de charité que pourrait monter Nicolas…tout ça dans le but d’en apprendre plus sur lui.

Les deux protagonistes ont une histoire personnelle tragique qui finit par les rapprocher, malgré la supercherie de taille concoctée par la protagoniste.