Les Chroniques de l'Imaginaire

Une femme de passions - Henley, Virginia

Bess Hardwick n’est guère plus qu’une roturière. Pourtant, elle rêve de récupérer la demeure de son enfance dont elle a été privée à la mort de son père. Pour cela, il lui faudra s’élever dans la société. Heureusement, sa beauté et son caractère sanguin lui offrent bientôt la possibilité d’approcher au plus près les grands du royaume d’Angleterre. 

Ce livre est une version romancée de la vie d’une vraie personnalité ayant côtoyé Henri VIII et ses filles les reines Marie et Elisabeth Ière d’Angleterre. Ceux qui aiment particulièrement la période Tudor et les romances seront donc ravis, même si le suspense ne sera pas au rendez-vous pour les plus connaisseurs. Je connaissais pour ma part les grandes lignes de la vie d’Elizabeth Hardwick mais j’ai pris plaisir à découvrir la manière dont l’auteure, Virginia Henley, les décrit et explore les relations d’amitié et d’amour de Bess. 

Bien que le livre soit long, le récit progresse à vive allure, étant donné la vie bien remplie de sa protagoniste. On n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. 

Seul bémol peut-être, la personnalité même d’Elizabeth Hardwick. Cette femme était connue pour être pleine d’ambition et pour avoir réussi, par son intelligence et quelques manigances, à être devenue l'une des femmes les plus puissantes du royaume. C’est donc loin d’être un personnage appréciable et, dans son désir de coller à la réalité, Virginia Henley, sacrifie peut-être l’empathie du lecteur pour le personnage. Les romances de l’ouvrage semblent moins s’appuyer sur des histoires d’amour que sur des histoires de désir charnel et d’attrait pour le pouvoir et la richesse. Pourtant, l’auteure tente parfois de doter sa protagoniste d’un sens de la compassion assez anachronique et qui détonne à certains moments du récit, le comportement de Bess ne s’alignant pas avec ses actions. Il en va ainsi avec la condamnation de Catherine Grey. En outre, la réalité historique n’en demeure pas moins malmenée. L’auteure prête plusieurs relations à Elizabeth Ière par exemple.

Certaines parties de la vie de la véritable Elizabeth Hardwick sont omises : l'existence de ses deux enfants morts en bas âge est ainsi passée sous silence, de même que le mariage d’une de ses filles à l’âge de douze ans. D'ailleurs, le livre s’achève avant des épisodes plus qu’intéressants de la vie de Bess et notamment son amitié avec Marie Stuart même si cela s’avère cohérent avec l’intention première du roman : explorer les histoires d’amour de Bess, dont la dernière débute avant sa rencontre avec la reine écossaise. 

J’ai aussi repéré quelques fautes de typographie dans l’orthographe des noms : les Zouche deviennent souvent les « touche », sans majuscule. 

Malgré ces quelques écueils, il va sans dire que la vie de ce personnage trop méconnu qu’est Elizabeth Hardwick offre matière à une romance à sensations, riche en intrigues politiques, en scandales et arrestations. 

Dans l’ensemble, cette romance plaira aux amateurs de personnages historiques revisités et de femmes ambitieuses. Les amateurs de la reine Elizabeth sauront aussi apprécier ses apparitions hautes en couleurs.