Les Chroniques de l'Imaginaire

Le chant de l'épée (Les chroniques saxonnes - 4) - Cornwell, Bernard

La terre qui deviendra l'Angleterre est morcelée entre royaumes, croyances et peuples. Si le roi Alfred, un Saxon, rêve d'une Angleterre grande et unie sous la bannière de la croix chrétienne, les Danes, les Vikings, les Norses, les Bretons et les païens ne partagent pas sa vision de l'avenir.

Heureusement, il peut compter sur Uhtred de Bebbanbourg, un païen mais l'un des meilleurs seigneurs de guerre lui ayant fait allégeance. Et le plus fiable.
Cette loyauté va être mise à rude épreuve. Car le roi Alfred commande à Uhtred la capture de Lundene - Londres - pour la livrer à son gendre, paresseux et incompétent mais époux chrétien d'Aethelflaed, sa fille adorée.

Bernard Cornwell est un auteur britannique qui ne m'est pas inconnu - pas uniquement grâce à la série The last kingdom à laquelle je n'accroche pas - mais dont les livres n'ont jamais été simples à trouver en français.
Il y a quelques années, j'avais lu des épisodes de sa suite sur les guerres napoléoniennes (avec le personnage Sharpe) et sur la quête du Graal, quelque part pendant la Guerre de Cent Ans. De très bons romans historiques avec chaque fois un énorme défaut : pourquoi n'est-ce pas écrit par un francophone avec un point de vue français ?

Pour Les chroniques saxonnes, Cornwell place son histoire dans une époque importante de la constitution et de la christianisation de l'Angleterre, au tournant des neuvième et dixième siècles. Comme à son habitude, l'auteur développe un récit historiquement vraisemblable (il avoue lui-même s'écarter de la justesse pour ses besoins d'écrivain) avec de belles scènes de bataille et du romantisme. Si son talent lui permet, en quelques mots, de monter une atmosphère prenante et de maintenir l'intérêt du lecteur à un haut niveau, son texte manque étonnamment de suivi et de fluidité dans la narration. 

Le vieux Uhtred parle de lui-même. Le récit saute de tranches de vie du passé à des pensées contemporaines. Dans l'histoire qu'il raconte, il n'hésite pas à avancer en accéléré certains passages. Parfois sans même un interligne, on retrouve les personnages plusieurs semaines plus tard, en train de faire quelque chose de tout à fait différent et qui n'a pas été amorcé. Par ailleurs, certains longs dialogues manquent curieusement de décors et d'ambiance, à l'instar des cases de bandes dessinées ne montrant que les personnes et leur bulle sur un fond plat uniforme. Ces éléments sont inconfortables pour la lecture mais pas rédhibitoires.

En résumé, Le chant de l'épée est une aventure historique accessible et divertissante bien que la narration soit un peu décousue.