Les temps sont durs pour les Altaii, des nomades guerriers. Dans la Plaine déjà rude, l'eau devient plus rare, les prédateurs plus nombreux et les caravanes de marchands à attaquer plus rares... Pourtant, que faire sinon continuer, sans rien changer à un mode de vie ancestral ?
Mais voilà qu'à Lanta, où les Altaii aiment vendre les résultats de leurs rapines, le Seigneur Wulfgar et ses compagnons sont bizarrement accueillis. Les Lantaniens sont méfiants et méprisants, les Morassas - un autre peuple de la Plaine avec lequel les Altaii ne font pas bon ménage - semblent traités en hôtes de marque et les Altaii sont insultés par les deux Reines siégeant sur les Trônes jumeaux.
Que se passe-t-il ? Selon Mayra, la Sœur de la Sagesse qui accompagne le clan de Wulfgar, le fier Altaii est destiné à jouer bientôt un rôle capital pour la survie de son peuple. Ainsi qu'une Vagabonde venue d'un autre monde, qui pourrait apporter une solution inattendue.
Le guerrier des Altaii est un roman inédit de Robert Jordan, une oeuvre de jeunesse publiée à titre posthume puisque l'auteur de La Roue du Temps est décédé en 2007.
Si ce roman appartient clairement au genre fantasy, avec son ambiance moyenâgeuse, ses guerriers nomades et sa magie omniprésente, on y trouve également des traces de fantastique (avec les mondes parallèles dont viennent les Vagabondes) et de science-fiction (avec la technologie des Très-Hauts, vénérés comme des dieux). Pourtant, j'ai un peu regretté que ces éléments soient peu exploités, l'univers si peu exploré. Le monde est sommairement brossé, et finalement on ne saura pas grand chose de la Plaine ou de ce qui est extérieur à Lanta.
Le focus est fait sur Wulfgar, un chef respecté parmi les siens, un homme brave et courageux (mais parfois trop impétueux dans son désir viril de sauvegarder son honneur, comme le lui fait souvent remarquer Mayra), excellent guerrier et qui essaie aussi de comprendre la situation dans son ensemble. Bref, l'archétype du parfait héros qui va sauver son peuple.
Les autres personnages sont moins mis en avant. Certains disparaissent même complètement de la scène une fois leur rôle joué (comme la maîtresse des esclaves), alors qu'ils semblaient prometteurs pour d'autres rebondissements et semblent rester dans l'entourage de Wulfgar. J'ai trouvé cela dommage. Je m'interroge également sur le lien très fort que Wulfgar ressent entre lui et les reines de Lanta : elles seront certes au cœur de toutes ses (més)aventures ultérieures, mais rien n'explique pourquoi leur vie est si importante.
Danger, trahison, combats et mauvaises rencontres émaillent le récit. Le rythme est prenant, mais pas toujours très homogène, le temps étant assez élastique : certains passages sont très détaillés, d'autres fois le temps passe très rapidement. Bonne chose, les combats sont intéressants sans traîner en longueur. Globalement, le style est très fluide et les pages défilent sans temps mort.
Voilà donc un roman fort plaisant, proposant des aventures épiques sur fond de bouleversement géopolitique, mais qui ne me semble pas tout à fait aussi abouti qu'il l'aurait pu.
