Nous sommes dans une forêt de chênes, très ancienne, où un père se promène avec des enfants. Les lucanes cerf-volant sont monnaie courante dans cette partie de la forêt, et le petit groupe ne voit pas les runes qui apparaissent, mystérieusement, sur les troncs d'arbres. Une apparition bien soudaine, qui coïncide avec le réveil, en même temps, de deux êtres, qui semblent être un ange et un démon...
Et puis, nous faisons la connaissance d'Arthur Rego, un étudiant chercheur en histoire, qui tombe bien malgré lui sur des écrits d'un certain Ancares Diaz. Des écrits bien étranges, qui parlent d'un ordre magique, et qui sont bien loin des écrits que l'on pourrait attendre d'un ancien professeur d'université. Selon les dires de Figueira Chao, le nouveau directeur de département, Ancares Diaz était un peu fou : il est maintenant un vieil homme à la retraite, et ses recherches d'alors n'ont jamais été poursuivies, car franchement jamais prises au sérieux.
Il n'en faut pas plus pour exciter la curiosité du jeune Arthur, qui va à la rencontre du vieux professeur. Une rencontre étonnante, qui va changer sa perception des choses. D'autant qu'elle coïncide avec le réveil de Griam, l'ange qui se fait appeler Gabriel, et de Xamain, le démon qui prend les traits d'un certain Elathan Pedrafita. Un homme fourbe qui vante les avancées du département de Figueira Chao, et qui est en réalité à la recherche d'un triskel qui a disparu...
C'est la perte de ce triskel, il y a quelques temps, par Ancares Diaz, qui a provoqué le réveil des forces magiques, liées par un vieux pacte de léthargie. Le triskel permet à son détenteur de trouver où sont endormis les autres anges ou démons, et de prendre ainsi un avantage certain sur l'autre. A présent, c'est la course, entre Xamain et Griam, pour reprendre possession du précieux triskel. Et il faut remonter bien loin dans le passé pour comprendre comment ce triskel a pu échapper à la surveillance du professeur Diaz. Et un certain Faustino Traba ne sera pas étranger à cette disparition, avec des complices pour le moins inattendus...
Après des one-shots comme Ardalén ou encore Les proies faciles, c'est au conte fantastique que s'attaque Miguelanxo Prado, le talentueux dessinateur espagnol. Le triskel volé est ainsi un one-shot qui paraît chez Casterman, avec une couverture surprenante, car tirant sur le fantastique, ce qui n'est pas le plus habituel sur les œuvres de Prado.
Qu'à cela ne tienne : dès les premières planches, c'est avec un grand plaisir que l'on retrouve les dessins si reconnaissables de Miguelanxo Prado. Les personnages, nombreux dans ce one-shot, sont travaillés, et les couleurs chatoyantes, à l'aquarelle, sont une fois de plus parfaitement de la partie.
Au niveau du récit, les événements sont bien amenés et sont maîtrisés : cela n'était pas forcément gagné d'avance, au vu de la profusion de personnages, et Prado parvient à rendre son récit fluide et parfaitement compréhensible. L'auteur n'hésite pas à amener quelques pointes d'humour, notamment avec l'apparition de deux gangsters improbables, que sont Lucho et Indalecio.
Le triskel volé est un excellent one-shot, un de plus, que l'on doit à Miguelanxo Prado. Un auteur dont on apprécie énormément le travail, et dont on a hâte de découvrir la prochaine histoire !