Les Chroniques de l'Imaginaire

La belle scandaleuse - Cabot, Patricia

Depuis la mort tragique de ses parents, Kate Mayhem est gouvernante auprès d’enfants fortunés mais fréquentant peu la bonne société. En effet, elle répugne à réintégrer les cercles huppés qu’elle fréquentait plus jeune et qui ont tellement décrié ses parents à leur décès. Kate vit en outre dans la crainte que l’ancien associé de son père, qu’elle soupçonne de meurtre, ne réapparaisse pour s’en prendre à elle. 

Un jour, elle aperçoit un homme menaçant une jeune fille en pleine rue et prend sa défense armée en tout et pour tout de son parapluie. Pourtant, il s’avère que la jeune fille, Lady Isobel, n’est pas du tout en danger. Elle est juste en proie à un caprice que l’homme, son père, le marquis de Wingate, ne parvient pas à apaiser. Loin d’être en colère envers Kate, le marquis, James Traherne, ne peut que remarquer sa force de caractère et sa beauté. Il décide de l’engager comme dame de compagnie pour sa fille dans l’espoir qu’elle puisse tempérer le comportement scandaleux de sa progéniture. Cependant, Kate n’accepte qu’à contre-cœur car la fréquentation du marquis et de sa fille risque d’attirer l’attention sur elle.

Cet ouvrage est riche en émotions ! Tous les personnages ont des caractères bien trempés. La protagoniste est prête à se défendre coûte que coûte, que ce soit avec un parapluie, un atlas ou des répliques bien senties. Le protagoniste est connu pour son tempérament sanguin et son habitude à jeter des objets, ou d’autres personnes, par la fenêtre. James est le personnage qui m’a donné le plus de mal car il est loin d’être appréciable : par le passé, il n’a pas hésité à condamner son ex-femme à une mort miséreuse ou à défier à mort les amants de ses propres maîtresses… par ailleurs mariées… C’est un individu à la morale très flexible : il agit comme bon lui semble mais s’emporte si les autres, et notamment sa fille, se conduisent de la même manière. Ce trait de caractère ne change pas vraiment en cours de récit, ce qui le rend très peu appréciable et ce d’autant plus qu’il juge à plusieurs reprises sa propre fille laide et sotte… Il est vrai que la pauvre n’est pas exactement mise en valeur. Isobel se déclare amoureuse tous les quatre matins. Pourtant, bien qu’elle fasse preuve par moments d’une naïveté étonnante, elle a également de grands moments de perspicacité, ce qui rend encore plus cruelle l’opinion de son père à son égard. Freddy, duc et ami d’enfance de Kate, est sans doute le moins vindicatif. Doté d’un caractère lunaire, il est assez attendrissant dans ses efforts pour aider l’héroïne. C’est le personnage que j’ai trouvé le plus crédible car les autres ont des attitudes tellement exagérées ou théâtrales qu’il est difficile pour le lecteur de se sentir investi. Je suis un peu déçue qu’il n’ait pas été plus exploité dans le récit.

La belle scandaleuse ne se limite pas à des personnages flamboyants mais comporte une intrigue plus fouillée que ce que l’on a l’habitude de trouver dans d’autres romances. Ce n’est pas toujours un point positif car le début du livre est un peu confus. Pêle-mêle, on trouve un drame familial qui serait ou ne serait pas un assassinat, un ancien prétendant fortuné, un marquis au passé tourmenté, des employeurs adeptes de Papouasie Nouvelle-Guinée collectant des fonds pour un escroc, un jeune noble en mal d’argent, une maîtresse manipulatrice… Cela fait beaucoup et malheureusement, ces différents éléments sont aussi juxtaposés de manière trop rapide pour conférer à l’univers une plus grande profondeur.

Il s’agit donc d’une lecture en demi-teinte pour moi car un peu trop fouillis. Parfois, les formules simples sont encore les plus efficaces. Ce roman plaira surtout aux lecteurs à la recherche de héros survoltés.