Nous sommes en 1911, dans un Paris qui n'est pas tout à fait comme celui que l'on s'imagine à cette époque. Et pour cause : dans ce Paris-là, les Parisiens croisent allègrement des elfes, des ogres, des gnomes ou des dragons sans que cela ne choque personne. Il est même possible de se rendre dans cet Outremonde d'où proviennent toutes ces créatures, en empruntant tout simplement la station de métro adéquate...
C'est dans ce contexte qu'on assiste au braquage d'une banque, la Banque Paris Brocéliance, ou BPB, par trois personnages qu'on n'attend, là encore, pas vraiment. Les trois voleurs ne sont autres que trois voleuses, qui forment une bande appelée les Artilleuses. Ainsi, on fait la connaissance de Lady Remington, l'Anglaise, de Miss Winchester, l'Américaine, et enfin de Mam'zelle Gatling, la franchouillarde de la bande.
Et c'est que le casse est rapidement un succès : pas seulement pour l'argent et l'or récupérés, mais aussi et surtout pour un mystérieux bijou appelé la Sigillaire. Un bijou qui est ardemment attendu par le commanditaire du casse, un faune sans foi ni loi nommé Cristofaros. Une fois leur vol effectué, les Artilleuses trouvent refuge chez Hugo Barillet, qui est lui même un gnome. L'idée est de cacher le véhicule qui a servi à la fuite, et de se faire oublier durant quelques jours.
Mais pour autant, le moment de la remise de la Sigillaire au faune Cristofaros ne se déroule pas franchement comme prévu : alors que le faune est en possession du précieux bijou, qui aurait des vertus magiques certaines, voilà qu'il est froidement abattu par un drone volant, armé jusqu'aux dents. Il faut toute la rapidité et les réflexes des Artilleuses pour venir à bout de ce drone... L'occasion est belle de voir que les filles en question disposent elles aussi de pouvoirs magiques, vraisemblablement issus de l'Outremonde. Mais même si elles s'en sont sorties, il n'en demeure pas moins que Miss Winchester a été touchée à la jambe. Elle perd maintenant beaucoup de sang, et il est grand temps de la soigner...
Les Artilleuses est une série dont Le vol de la Sigillaire est le premier tome. La série paraît chez Drakoo, éditeur tout récent, associé à Bamboo, et qui compte un certain Christophe Arleston comme directeur éditorial. La série est basée sur le roman Le Paris des Merveilles de Pierre Pevel, paru aux éditions Bragelonne en 2015. C'est Pierre Pevel lui-même que l'on retrouve au scénario de cette adaptation en bande dessinée, avec Etienne Willem qui oeuvre sur les dessins et les couleurs.
L'univers ainsi dépeint est tout à fait intéressant et a le mérite de faire voyager le lecteur, même s'il est à Paris, et même s'il est en 1911. Le mélange de ce monde avec un monde de fantasy donne naissance à une toile de fond qui tient la route, et dont la mayonnaise prend sans aucun problème.
L'humour est aussi un caractère plutôt omniprésent dans ce premier tome, où la légèreté guillerette qui se dégage côtoie des événements un peu plus tragiques, une large partie du tome étant consacrée au fait de devoir absolument soigner Miss Winchester.
Les personnages sont, eux aussi, franchement sympathiques, même s'ils restent un peu trop stéréotypés à mon goût, avec un léger défaut d'originalité. Là encore, il n'y a pas de quoi se fâcher avec le tome, loin de là, tant l'action est prenante, et tant les dessins d'Etienne Willem (L'épée d'Ardenois, Les ailes du singe) sont fins et détaillés.
Un premier tome convaincant pour cette nouvelle série qui paraît chez Drakoo, éditeur dont il me tarde de découvrir les productions suivantes.