Les Chroniques de l'Imaginaire

Une odeur de soufre (Outlander - Lord John Grey - 3) - Gabaldon, Diana

Une odeur de soufre occupe une place à part dans la série de Lord John Grey, située dans l’univers d’une autre série bien plus célèbre écrite par Diana Gabaldon, Outlander. Il s’agit d’un recueil de nouvelles contenant la première histoire consacrée exclusivement au personnage de Lord John, Lord John et le Hellfire Club, puis deux autres histoires, l’une, Lord John et le succube, prenant place après le premier roman de la série, l’autre, Lord John et le soldat hanté, après le second tome.

Lord John et le Hellfire Club

À son club, Lord John rencontre un vieil acolyte de la campagne d’Écosse, Harry Quarry. Celui-ci ne tarde pas à lui présenter son cousin, Robert Gerald. Le séduisant jeune homme est le sous-secrétaire du Premier Ministre et a besoin de l’aide de John pour résoudre un problème épineux. Il lui donne rendez-vous un soir dans l’intention de se confier à lui mais est assassiné sous les yeux de John et de Harry avant d’avoir pu parler. 

Cette nouvelle met en place les éléments que l’on retrouvera par la suite dans la série : les virées au club, les enquêtes avec le vétéran un peu rustique Harry Quarry, la double-vie dangereuse de John qui doit cacher son homosexualité sous peine de mort... On sent que l’auteure est moins familière de l’écriture de nouvelles car la fin est un peu rapide et la résolution du mystère est abrupte. C’est néanmoins un plaisir de découvrir un Lord John un peu moins expérimenté. 

Lord John et le succube

Au début de la guerre des Sept ans, Lord John est dans les forces armées britanniques pour combattre la France auprès des Prussiens. Il a pour mission de régler les différends pouvant subvenir entre les soldats britanniques et leurs alliés ou la population locale. Son ami, Stephan von Namtzen, lui soumet un problème inattendu : un succube s’en prendrait à des soldats. 

Cette nouvelle un peu plus dense nous emmène loin de l’Angleterre, en nous plongeant dans le quotidien d’un officier de liaison anglais. Je dois avouer que, bien que n’étant pas particulièrement intéressée par cette période historique ou par les guerres en général, je prends toujours beaucoup de plaisir à suivre Lord John dans ces tribulations militaires. Les tenants et aboutissants du conflit sont peu rappelés et c’est surtout la vie des soldats, plus ou moins gradés, qui est dépeinte. À cela s’ajoute ici une dimension surnaturelle : fantôme, démon, sorcière, vampire ou manigance humaine, on ignore pendant une bonne partie du récit d’où provient réellement la menace. Diana Gabaldon joue sur les ambiguïtés et le lecteur ne sait que croire. En effet, la série Lord John Grey est très cartésienne et ne contient d’ordinaire aucun élément fantastique. Toutefois, elle s’inscrit dans l’univers de la série Outlander qui, elle, incorpore des éléments fantastiques, de la sorcellerie aux voyages dans le temps. 

Lord John et le soldat hanté

Lord John est convoqué devant une commission d’enquête qui doit se pencher sur sa responsabilité dans l’explosion d’une pièce d’artillerie au cours de la campagne militaire en Prusse à laquelle il a participé.

Cette nouvelle nous montre un Lord John tout juste revenu de la guerre, sursautant à chaque son soudain et fortement ébranlé par la perte de compagnons d’armes. Alors qu’il quitte les bâtiments militaires, il se trouve confrontée à deux apparitions mystérieuses. L’une, d’un homme à l’uniforme démodé, est désignée comme le « fantôme de l’Arsenal » par un soldat l’ayant également aperçu. L’autre, d’un jeune officier l’espionnant, ressemble à s’y méprendre à Philip Lister, décapité par l’explosion du canon à l’origine de la commission. 

Diana Gabaldon excelle dans la description d’un Lord John traumatisé par les atrocités de la guerre, affaibli par ses blessures mais non moins prêt à se battre pour son honneur et celui de sa famille. Son ennemi s’avère d’ailleurs non moins redoutable que celui qu’il affrontait mais bien plus pernicieux. 

Ce recueil est l’occasion d’en découvrir les principaux ingrédients, entre enquêtes londoniennes, affaires politiques, campagnes militaires et flirts secrets. Il est donc adapté aux personnes ne connaissant pas encore la série et ne souhaitant pas se lancer d’emblée dans la lecture des romans.

Je recommande cependant d’avoir lu les deux premiers romans de la série, Une affaire privée et La confrérie de l’épée, pour mieux s’y retrouver dans la vie de Lord John. Les lecteurs familiers de Lord John et de son univers n’en trouveront d’ailleurs que plus de plaisir à découvrir sa première enquête. Le livre comporte aussi des explications sur la genèse de ces écrits, qui auront plus de chances d’intéresser les fans de Diana Gabaldon.