Shanna est la fille unique et adorée d’un riche marchand des colonies. Heureux de s’être élevé dans la société, son père souhaite qu’elle fasse de même en épousant un membre de l’aristocratie britannique. Ce ne sont pas les prétendants qui manquent, attirés par la fortune colossale de Shanna mais aussi par sa beauté éblouissante. Pourtant, aucun ne trouve grâce à ses yeux et la jeune fille se voit donc confrontée à un ultimatum : elle a un an pour trouver un mari qui lui plaise. Passé ce délai, son père la mariera à l’homme qu'il lui aura choisi.
À une semaine de l’échéance, Shanna n’a pas trouvé le beau chevalier de ses rêves et conçoit un plan désespéré. Elle épousera un membre de la petite noblesse condamné à mort. De cette façon, elle respectera le désir de son père tout en s’assurant de devenir bien vite veuve et donc de pouvoir vivre ensuite sa vie comme elle l’entend. Son plan vacille quand l’homme sur lequel elle a jeté son dévolu, Ruark Beauchamp, exige la consommation de leur union… et rien ne va plus lorsqu’il échappe à la pendaison. Ruark se retrouve alors esclave du père de Shanna et est bien décidé à obtenir satisfaction tandis que la jeune femme est prête à tout pour conserver son secret.
Shanna m’a offert une lecture en demi-teinte.
Du côté des points négatifs, j’ai souvent été exaspérée par le comportement des personnages principaux qui n’en font qu’à leur tête, sans aucune considération pour les sentiments de l’autre ou, plus largement, de qui que ce soit. Ruark accuse souvent Shanna de ne pas être mature mais en vérité, aucun personnage de cette romance ne l’est. Je n’ai pas non plus adhéré au concept de féminité véhiculé par ce livre : la protagoniste est dépeinte comme une femme-enfant parce qu’elle ne souhaite pas faire de compromis, ne pas se marier avant d’être prête, ne pas céder aux injonctions de Ruark de coucher avec lui parce qu’elle le lui a promis. Certes, on dit qu’une promesse est une promesse. Mais on dit aussi que quand c’est non, c’est non. Même si évidemment, c’est encore un cas où la protagoniste en a secrètement envie. Comme Ruark lui, ne sait pas qu’elle en a envie en vrai, cela ne le fait pas apparaître sous un très bon jour. Malheureusement, Shanna n’est pas non plus mise en valeur par ses changements constants d’humeur et ses mensonges répétés. Néanmoins, on pourrait arguer que puisque c’est une romance historique, le comportement de ces personnages n’a pas à correspondre aux canons modernes des relations conjugales (écoute, respect, consentement, etc.)
Du côté des points positifs, le style d’écriture de Kathleen E. Woodiwiss est maîtrisé. Le niveau de langue s’adapte d’ailleurs selon le personnage, que ce soient des personnes de faible éducation ou, ce qui est plus rarement le cas dans les romances, appartenant à des catégories plus aisées de la population. Le récit est également fort en rebondissements : d’Angleterre aux États-Unis, de plantations à des vaisseaux de pirate, on passe d’un environnement à un autre au gré de l’action. Pourtant, rien ne semble précipité. L’auteure parvient à garder un bon rythme tout en passant suffisamment de temps à chaque endroit pour conférer de la profondeur à son univers.
Au final, Shanna est une romance pleine de péripéties que j’aurais sans doute pu davantage apprécier avec des protagonistes moins caractériels.