Les Chroniques de l'Imaginaire

Le pari du péché (The wagers of sins - 1) - Linden, Caroline

Jack est devenu duc de Ware bien trop jeune. Depuis, ses responsabilités l’écrasent. Il fait tout pour être à la hauteur de son défunt père mais sa famille ne fait rien pour l’aider. Sa mère lui fait réprimande sur réprimande et pardonne tout à son frère cadet, Philip. Celui-ci vient justement de perdre une fortune dans un club de jeu, le Vega. Jack s’y rend donc pour lui remettre les pendules à l’heure et est immédiatement subjugué par l’adversaire de Philip, une jeune femme sur qui son frère a d’ailleurs jeté son dévolu. 

Sophie Campbell, petite fille de vicomte, est seule au monde depuis que ses parents sont morts et que son grand-père lui a coupé les vivres. Elle joue tous les soirs au Vega dans le but de mettre assez d’argent de côté pour vivre le reste de sa vie confortablement et, pourquoi pas, de trouver un mari convenable. Plusieurs hommes lui tournent justement autour, dont Philip. Pourtant, ce flambeur est l’antithèse du type de mari qu’elle recherche et elle est bien plus attirée par son frère aîné. Jack, furieux qu’elle joue de ses charmes contre Philip, lui propose justement un pari audacieux : s’il perd, il lui donnera cinq mille livres, une petite fortune ; s’il gagne, elle lui accordera une semaine en sa compagnie. Évidemment, la chance de la jeune femme l’abandonne et sa surprise n’a d’égale que celle du duc qui se demande bien s’il est vraiment gagnant dans cette affaire. 

Le pari du péché est une romance étonnamment mélancolique. L’auteure laisse la part belle à la contemplation. J’ai apprécié les passages prenant place dans la maison de campagne de Jack. Cet immense manoir empli de souvenirs heureux comme tragiques est bien sûr propice au rapprochement des protagonistes mais c’est surtout l’atmosphère de cet endroit qui m’a marquée. Caroline Linden le décrit avec une telle passion qu’on visualise presque le lac disparaissant derrière les lourds rideaux de pluie, les greniers emplis de malles et de vêtements poussiéreux, les portraits des ancêtres dans les couloirs et la ravissante bibliothèque baignée par le jour. Le reste paraît plus fade en comparaison mais reste bien écrit. Ce changement de rythme comme d’atmosphère ne fait en outre que renforcer l’impression de parenthèse enchantée vécue par les protagonistes. 

Les protagonistes sont attachants car animés de grands principes. Les deux ont la nostalgie d’une famille qu’ils ont perdu, bien que de manière différente, et qu’ils vont peut-être pouvoir reconstruire ensemble. 

Cet ouvrage est présenté comme un stand-alone mais appartient en réalité à une série. S’il peut se lire indépendamment, surtout parce qu’il s’agit d’un tome 1, Le pari du péché se termine sur une bonne dose de suspense… qui ouvre en réalité sur la suite de la série, en compagnie de l’une des amies de Sophie. Le traitement des personnages secondaires, particulièrement des deux meilleures amies de Sophie et de Philip, devrait d’ailleurs mettre la puce à l’oreille du lecteur attentif : leur personnalité est tellement bien dépeinte qu’ils ne peuvent que faire l’objet de leur volume bien à eux.

En résumé, le pari du péché est une romance feel-good, qui mise à fond sur son atmosphère et la description des sentiments de ses protagonistes.