Cassidy, onze ans, est une jeune fille un peu spéciale. Depuis un accident qui a failli lui coûter la vie, elle peut soulever le voile qui sépare le monde des vivants de celui des morts et assister aux derniers instants des défunts. Cassidy est désormais considérée comme étrange dans son collège car elle passe son temps à se rendre derrière le voile en compagnie de Jacob, le fantôme qui lui a sauvé la vie.
La jeune fille a hâte d’entamer les grandes vacances pendant lesquelles sa famille se rend traditionnellement sur les plages de Long Island, où les fantômes sont rares. Elle est donc tout sauf ravie lorsqu’elle découvre que ses parents ont un tout autre projet en tête. Ce tandem d’inspecteurs du surnaturel, qui se surnomment les Inspectreurs, projette un tour du monde des villes les plus hantées afin d’enregistrer leur propre série télévisée… traînant leur vieux chat grincheux, leur fille récalcitrante et son meilleur ami fantôme avec eux.
La série Cassidy Blake appartient au genre de livres dont je raffolais quand j’étais enfant : du surnaturel avec de vrais frissons, un tandem de choc et de mon âge - à l’époque -, des légendes, une ville étrangère à explorer et un félin un peu revêche.
Ce premier tome nous emmène à la découverte d’Édimbourg. On découvre les hauts lieux touristiques comme le château sur sa fameuse colline, Arthur’s Seat ou encore le Royal Mile, l’une des rues les plus connues de cette ville écossaise. Bien que certains éléments soient assez caricaturaux, on sent que l’auteure connaît bien son sujet. Pour avoir moi-même vécu près d’Édimbourg, j’ai retrouvé entre ces pages une certaine ambiance propre à la ville et j’espère qu’elle donnera à de jeunes lecteurs l’envie de la découvrir par eux-mêmes. Chaque lieu est propice à une petite aventure, en compagnie de Jacob.
Nos jeunes héros sont attachants. Cassidy, la narratrice, essaie encore de comprendre les règles de sa nouvelle vie et de se faire au fait qu’elle aurait bien pu mourir et devenir elle-même un fantôme. Ses autres préoccupations sont en revanche plus conformes à son âge. Elle feint d’être indifférente aux autres jeunes qui la trouvent étrange mais apprécierait néanmoins de se faire de nouveaux amis. Elle doit apprendre à se débrouiller par ses propres moyens, sans ses parents, alors même qu’elle dépend encore beaucoup d’eux et aimerait bien leur confier ses soucis. Jacob est un personnage moins accessible, plus secret, au point que l’on n’est pas entièrement sûr de savoir à quel jeu il joue. Son amour des héros de bandes dessinées, sa bonne humeur et son inquiétude manifeste pour la sécurité de son amie en font néanmoins un personnage qu’on a grand plaisir à découvrir.
Les péripéties en elles-mêmes sont bien trouvées. Elles permettent d’abord de se familiariser avec le fonctionnement des pouvoirs de Cassidy avant d’embrayer vers des aventures un peu plus angoissantes. Le rythme est d’ailleurs tout autant maîtrisé. Il va crescendo au fur-et-à mesure des excursions derrière le « voile ». Le dénouement est fort en émotions et demande à l’héroïne, comme à son meilleur ami, de dépasser certaines de leurs peurs pour se tirer du piège dans lequel ils sont tombés.
Le degré d’horreur est bien dosé. Victoria Schwab n’épargne pas le jeune lecteur. Certaines des légendes racontées comme certains des fantômes rencontrés sont suffisamment effrayants pour faire frissonner : disparitions d’enfants, exécutions, morts accidentelles par le feu ou par noyade. Pourtant, l’auteure parvient à les évoquer de manière assez simple, sans insister sur les détails, et met davantage l’accent sur l’action. Cela ne devrait donc pas traumatiser les jeunes lecteurs adeptes d’histoires horrifiques.
L’auteure évoque à de nombreuses reprises l’univers de Harry Potter, créé par J.K. Rowling. C’est plutôt une bonne chose car cela plaira aux fans et donnera peut-être envie aux plus jeunes de se plonger dans la lecture de ces romans. Toutefois, je ne suis pas sûre que le lectorat de Chasseuse de fantômes soit assez âgé pour parcourir les derniers tomes ou voir les derniers films de Harry Potter. Les nombreuses références m’ont donc paru un peu étranges, d’autant plus que l’univers créé par Victoria Schwab tout comme le ton de son récit sont assez éloignés de ceux de J.K. Rowling, sauf peut-être pour les deux ou trois premiers tomes de Harry Potter.
Enfin, j’ai noté une ou deux maladresses de français : l’une est d’ordre syntaxique, en première page ; l’autre relève plus d’une question de traduction, qui masque le double sens de l’anglais et rend le comportement de la protagoniste assez étrange le temps d’une réplique. Ce ne sont sans doute que des broutilles que ne remarqueront pas les lecteurs ciblés par ce roman mais cela m’a néanmoins fait tiquer.
En résumé, Chasseuse de fantômes laisse présager une très bonne série jeunesse sur la thématique des fantômes.
