Jasper, troisième fils de marquis, était membre de l’unité Draven lors des guerres napoléoniennes. Des blessures de guerre l’ont défiguré et l’obligent à porter un masque. Alors que les membres du club des survivants, les soldats rescapés de l’unité Draven, se marient les uns après les autres, Jasper est désespéré à l’idée que ses cicatrices ne le fassent paraître monstrueux aux yeux des femmes. Depuis son retour du front, il s’est donc habitué à vivre dissimulé, loin de la bonne société, et mène des enquêtes confidentielles pour gagner sa vie. Sa spécialité est la découverte d’objets ou de personnes disparues. Il accepte ainsi d’aider Lord Carlisle à retrouver sa fille, disparue depuis cinq ans.
Olivia se cache aux yeux de tous depuis son viol par son fiancé. Pourtant fille de vicomte, elle vit comme une paysanne en compagnie de son fils Richard, autre victime innocente de cette agression. Pourtant, sa cachette est découverte par un mystérieux inconnu masqué, bien vite attaqué par un brigand. Olivia le trouve agonisant sur le bord de l’unique chemin menant à sa mesure. Elle décide de le soigner malgré le risque que cela représente pour ses secrets.
Ce tome 4 des aventures des Survivants nous emmène à la découverte du plus mystérieux d’entre eux, Jasper, dont le visage est en permanence dissimulé par un masque, et dont les traumatismes liés à la guerre sont aussi prégnants que ceux de ses camarades soldats rencontrés dans les tomes précédents. Les lecteurs de la série apprécieront de retrouver des références aux dits camarades même si, à l’image des autres tomes de la série, Bas les masques peut se lire de manière indépendante.
Dans cet opus, Jasper est loin d’être le seul à être traumatisé. L’autre protagoniste, Olivia, souffre des conséquences des actes odieux de son fiancé et risque gros si elle vient à être retrouvée : la perte de son fils, un mariage avec son violeur, une réputation de femme facile pouvant cautionner aux yeux de certains d’autres agressions... L’impossibilité à faire entendre sa voix et à faire éclater la vérité face à un homme tout puissant est une thématique d’actualité et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la lecture que cette romance historique ne déparerait pas entièrement au XXIe siècle. Si certaines ficelles scénaristiques sont assez grosses, le tout reste traité avec une certaine finesse.
La tension est palpable d’un bout à l’autre du récit, que ce soit dans la cachette d’Olivia, à travers sa vigilance constante, ou à son retour à Londres, où la menace se fait bien plus tangible. Ce livre montre d’ailleurs bien que le danger qui menace Olivia et sa famille est tout autant physique et direct, que psychologique et indirect. On pourra peut-être déplorer que la solution aux problèmes d’Olivia soit l’intervention d’hommes tout aussi puissants que son agresseur mais Bas les masques reste après tout une romance prenant place à l’époque de la Régence britannique, c’est-à-dire le début du XIXe siècle, où peu de femmes pouvaient de fait se secourir elles-mêmes. Les conséquences tragiques pour celles n’ayant pas de protecteurs ne sont d’ailleurs pas éclipsées dans ce récit.
Heureusement, l’histoire comprend aussi quelques moments de légèreté, principalement apportées par le personnage du petit Richard, quatre ans. On apprécie de le voir interagir avec Jasper et chercher en lui le père qui lui manque.
Bas les masques évoque bon nombre de thématiques sombres : le viol, la guerre, les traumatismes, les trahisons… Mais c’est également une romance emplie de tendresse à l’égard de ses personnages principaux. Les lecteurs ayant apprécié les précédents opus de la série raffoleront de celui-ci.