Elena est encore une adolescente mais a connu bien des transformations depuis que ses premières règles sont arrivées, amenant avec elle l’éclosion de ses pouvoirs de sor’cière. Elle serait l’élue d’une prophétie, devant affronter les ténèbres pesant sur le monde et leur maître, Gulgotha. Elle est depuis pourchassée par des forces obscures, qui n’ont pas hésité à tuer sa famille pour s’en prendre à elle. Dans sa fuite, elle a trouvé des alliés singuliers, elphes, ogres, guerrier centenaire, eux-mêmes habités de leurs propres quêtes et prophéties.
Après avoir récupéré de ses premières épreuves lors d’un hiver dans les montagnes en compagnie du clan de l’un de ses amis, Kral, Elena doit reprendre sa route. Cette fois pourtant, il n’est plus question de fuir mais d’aller au-devant de son destin en se procurant le mystérieux livre de Sang, caché dans la mythique ville de Valloa, et supposé l’aider à vaincre Gulgotha.
Le second tome de la série des Bannis et des Proscrits s’inscrit dans la pure continuité de son prédécesseur. On y retrouve Elena et ses compagnons, sortant d’une période d’accalmie hivernale et forcés de reprendre le fil de leurs quêtes respectives. Malheureusement, tout ne se passe évidemment pas comme prévu et, à l’image du premier tome, on assiste vite à une descente aux enfers pour les personnages. Les scènes d’action sont nombreuses, haletants et extrêmement dérangeantes. James Clemens joue sur les thématiques de la profanation des corps et de la violence graphique avec des ennemis exotiques qui ne dépareraient pas dans des romans ou films de science-fiction. Les ennemis créés par Gulgotha sont tout bonnement répugnants. Ainsi, la première menace provient d’une femme ayant la capacité d’accoucher de monstres mais aussi de les remettre à l’abri à l’intérieur de son propre corps. Cela donne lieu à des descriptions au contenu particulièrement abject et qui feront tressaillir les âmes sensibles. Les personnages principaux sont en outre allègrement maltraités, ce qui ne fait qu’ajouter à l’horreur et à la tension du récit. Personne n’est épargné et on ignore quelle sera l’étendue des séquelles à chaque affrontement, voire même qui survivra jusqu'à la prochaine péripétie.
Au milieu de cette ambiance sinistre, le personnage d’Elena apparaît comme un véritable rayon de soleil. Elle tente de composer avec les événements et de gagner en maturité sans renier ses principes. Elle s’affirme ainsi davantage que dans le premier tome en étant davantage actrice de sa vie, là où elle se laisse plus volontiers guider qu’auparavant.
L’intrigue est riche. Les personnages secondaires sont nombreux et tous ou presque ont leur propre mission en tête. Cela vaut aussi bien pour les compagnons d’Elena que pour ses adversaires, qui n’obéissent d’ailleurs pas tous aveuglément à Gulgotha. Outre le point de vue d’Elena, on suit également ceux de ses compagnons mais aussi de son frère ou de certains de ses adversaires. On en apprend donc plus sur les motivations de chacun.
L’univers est habité par de très nombreux peuples fantastiques, qui puisent leurs racines dans le folklore européen à l’image des elphes ou des ogres. Cette abondance renforce l’impression de profondeur que l’on ressent à la lecture du récit. Pourtant, il s’en dégage aussi à d’autres moments une impression de lourdeur qui détonne singulièrement avec le rythme du récit, rapide et fort en scènes d’action : trop de personnages, trop d’histoires personnelles, trop de quêtes, prophéties, monstres…On a presque l’impression d’être dans la peau d’Elena, catapultée dans un monde étrange, ballottée d’une tragédie à une autre sans pouvoir reprendre son souffle. Cette richesse et ce rythme haletant sont donc à la fois un atout et un écueil de ce roman.
Les foudres de la Sor’cière plaira à tous ceux qui ont apprécié le premier tome et confirme la qualité de la série écrite par James Clemens.