Les Chroniques de l'Imaginaire

La Voie des pierres (Les pierres et les roses - 1) - Vonarburg, Elisabeth

Dans un Moyen-âge presque identique au nôtre, plusieurs religions et plusieurs peuples cohabitent. Les Géminites croient en Jésus et en Sophia, sa sœur jumelle, alors que les Christiens, eux, pensent que Sophia (aussi appelée Sephora) est une sorcière qu'il ne faut pas révérer.

Les deux peuples, qui se partagent la France, ne sont pas vraiment amis. D'autant plus que les Géminites pratiquent une magie qui peut soigner, à condition que le malade l'accepte. Ce que les Christiens refusent presque systématiquement.

A Angresay, domaine de Bretagne, le seigneur se meurt. Il envoie son fils Cédric à la recherche de son fils ainé Briann, parti il y a déjà dix ans pour fuir son père. En effet, parce que ce dernier a refusé que des Juives soignent sa belle-fille, Briann a tout perdu lors de l'accouchement : sa tendre épouse et l'enfant. Aussi, celui-ci a-t-il renié son père et est parti se joindre aux Croisades pour délivrer Jérusalem des Perses.

Le jeune Cédric va retrouver son frère, mais l'accueil ne sera pas celui attendu. Tous deux vont tomber dans un piège qui va se refermer sur eux et lorsqu'ils reviendront, pour des raisons diverses, en Bretagne, les deux frères qui s'adoraient étant jeunes deviendront ennemis.

Parallèlement, le roman raconte également l'histoire d'Arwenn, une jeune fille Elue, que la déesse Morrigan va pouvoir prendre comme monture. En effet, Moïrag a pour habitude de s'installer dans le corps d'une femme née avec du pouvoir, une femme née du précédent véhicule humain habitée par la déesse et utilisé jusqu'à plus de cent ans, jusqu'à ce que le corps de cette humaine soit usé par les innombrables grossesses que la déesse lui impose.

Mais Arwenn a reçu en rêve la visite d'un enfant qui lui a donné une médaille. Cela va l'aider à se créer une bulle pour empêcher la déesse de prendre le plein contrôle sur son corps. Ainsi, Arwenn reste consciente lorsque la déesse l'habite. Celle-ci, furieuse, va faire tout ce qu'elle pourra pour déstabiliser la jeune femme, et va lui faire subir toutes les tortures possibles. Mais son pouvoir semble faiblir car Arwenn résiste. Ou est-ce le pouvoir de la médaille confiée par l'enfant ?

C'est un roman très riche, volumineux (plus de 700 pages) mais où l'histoire est dense et soutenue. Mais il fallait bien tout cela pour mettre en place toutes les pièces, pour décrire habilement les enjeux, les trahisons, les guerres, le quotidien dans les villages, dans les domaines, pour raconter les vies de chaque personnage plus ou moins en détail. J'ai toujours du mal avec les romans racontant des intrigues géo-politiques, religieuses ou guerrières, et celui-ci ne déroge pas à la règle. J'ai souvent perdu le fil et eu du mal à comprendre qui était allié avec qui, que représentent vraiment les Vigiliens, les Romanes. Mais qu'à cela ne tienne, l'histoire se lit avec un grand intérêt car les personnages sont denses, ils ont du corps. Plusieurs personnages gravitent autour d'Arwenn, de Cédric et de Briann et tous ont leur importance, certains même cachant bien leur jeu comme Guillem le petit esclave sexuel sauvé d'une abjecte maison close, qui deviendra le serviteur de Briann et jouera un grand rôle dans l'histoire.

L'écriture semble simple et peut même déstabiliser le lecteur avec l'usage forcené du "on", des phrases courtes, ainsi qu'une histoire racontée au présent. Mais cela confère une aura particulière à l'ensemble et on se laisse prendre au jeu facilement.

Je vais m'empresser de lire le tome 2 pour savoir ce qu'il advient de Briann, Cédric, Guillem, Rébecca, Annaïg et tous les autres.