Je suis Murgen. Je suis le porte-étendard de la Compagnie Noire, mais je n’ai plus d’étendard à porter depuis la défaite subie au pied des remparts de Dejagore. L’armée commandée par le Vieux, commandant de la Compagnie Noire, a tenté une sortie contre celle de Tisse-Ombre. Mais l’offensive était mal préparée et nous avons subi une lourde défaite qui s’est soldée par la mort du Vieux, Toubib, et les survivants sont venus se réfugier dans Dejagore. Depuis, nous sommes assiégés dans la cité et je tiens les annales de la Compagnie Noire.
Depuis le début du siège, nous avons fait ce que nous, mercenaires, savons faire de mieux : survivre. Envahis par la puanteur des cadavres restés sur le champ de bataille, on tient les remparts de la porte Nord avec nos alliés. On se nourrit de tout ce qu’on trouve, des rats et des corbeaux parfois. Le quartier que nous avons investi a été transformé en camp retranché. Les ruelles sont piégées et nous avons construit un camp de base dans les souterrains, connu uniquement des membres de la vieille équipe. Les nouveaux membres, descendants de la Compagnie d’il y a plusieurs siècles, qui se font appeler les Nars, ne les connaissent pas. Leur chef, Mogaba, devient de plus en plus fou. La seule chose qui l’obsède, c’est de mourir l’arme à la main lors d’un combat épique. Du coup, tous les hommes de Dejagore sont contraints de le suivre dans son combat avec un très faible espoir de survie.
L’espoir, c’est tout ce qui nous reste d’ailleurs. Et à chaque jour qui passe, le peu qu’il nous en reste diminue encore et encore. Les deux sorciers de la Compagnie Noire viennent de m’annoncer que Tisse-Ombre s’est remis de ses blessures et a recouvré tous ses pouvoirs. Cette nuit, il passera à l’offensive. Que les dieux aient pitié de nous…
Sans le savoir, Murgen est le troisième à reprendre la rédaction des annales après Toubib. Il est sans doute celui qui s’acquitte de cette tâche avec le plus de dévotion, malgré les conditions particulièrement difficiles du siège de Dejagore. Situé en parallèle du livre rédigé par Madame, Saisons funestes nous permet de connaître ce qui s’est passé à l’intérieur des murailles de Dejagore, où la Compagnie Noire se trouve doublement assiégée. Par Tisse-Ombre à l’extérieur, et par les Nars de Mogaba à l’intérieur. Heureusement, Murgen s’allie avec un peuple taciturne, les Nyueng Bao, qui s’est retrouvé par malheur à Dejagore au mauvais moment. Mais ils se révéleront d’une grande utilité quand le besoin s’en fera sentir.
Toujours situé dans les contrées du sud, Saisons funestes garde l’exotisme des régions indiennes dont les ethnies croisées au fil de pages semblent inspirées. Encore plus avec le peuple Nyeng Bao qui prête main forte à la Compagnie Noire et s’entiche de Murgen. Sinon, il nous apprend peu de choses sur la guerre dans ce tome, Rêve d’acier nous ayant déjà appris l’issue du siège de Dejagore. Hormis le fait que Murgen remplace au pied levé Toubib tant pour la partie commandement que pour la rédaction des annales. Remplacement que j’ai apprécié car son style, mélange d’humour noir et de cynisme, est proche de celui de Toubib. Néanmoins, cet opus est l’un des plus durs à aborder. En effet, Glen Cook conserve l’alternance de points de vue, mais cette fois-ci en jouant sur les époques plutôt que les personnes. Et comme Murgen ne sait pas toujours lui-même à quelle époque il se trouve, il faut lire plusieurs chapitres obscurs avant de profiter à plein de la situation.
Comme les tomes précédents, Saisons funestes m’a enthousiasmé et j’attends avec impatience la suite de la campagne militaire menée par Toubib et Madame contre Ombre-Longue. Néanmoins, je suis déçu d’avoir lu les livres dans l’ordre proposé par J’ai Lu car la lecture de Saisons funestes aurait été certainement plus plaisante juste après celle de Rêves d’acier.