Les Chroniques de l'Imaginaire

Boy Erased - Conley, Garrard

Ce livre est l'histoire vraie de Garrard Conley, racontée par lui-même.
L'adolescent vit aux Etats-Unis, dans les années 2000, dans une famille aimante, pratiquant une religion très présente. Son père est même en passe de se convertir pour devenir pasteur. Ses prêches du dimanche sont déjà fortement courus.
La religion est au centre de leur vie, de leur famille, et du couple que forment ses parents.
C'est dans ce contexte que l'effroyable nouvelle tombe : Garrard est homosexuel !
Ses parents sont dévastés. il faut à tout prix guérir leur fils. Ils l'envoient donc dans un centre censé guérir les gens de toutes les perversions sexuelles, comme la pédophilie et l'homosexualité.
Garrard va tenter de lutter contre sa nature pour au final prendre une décision.

Ce témoignage édifiant se lit comme un roman. Le puritanisme, la religion, l'homosexualité et l'hypocrisie qui amalgame le tout y sont les personnages principaux.
A coups de versets de la Bible, de prières et d'absurdités (comme d'offrir des M&M's aux prisonniers visités en prison dès qu'ils arrivent à réciter par cœur deux versets), l'auteur transmet parfaitement bien l'endoctrinement subi sans en avoir conscience.
Pendant la lecture de ce livre, je me suis sentie mal à l'aise, gênée, chanceuse aussi, car oui, j'ai la chance d'avoir un libre-arbitre par rapport à ces milliers, millions de personnes qui, sous le joug d'une religion, ne peuvent pas être ce qu'ils sont vraiment.

Les méthodes employées par le centre Love In Action pour "guérir" des perversions sexuelles sont également impressionnantes. On ne sait pas si les organisateurs étaient sincères, pensaient vraiment que ce qu'ils proposaient pouvait réellement marcher, ou si c'était seulement l'appât du gain qui les attirait.
Quoi qu'il en soit, ces centres ont fermé depuis, et c'est une bonne chose !

Le livre est dérangeant, mais tout de même agréable à lire, car l'écriture est maîtrisée. Les différents personnages, ayant tous réellement existé, sont décrits avec justesse. Notamment la mère de l'auteur, écartelée entre son amour pour son fils et la crainte de Dieu, et de son mari pasteur.
Son ambivalence imprègne les pages et on ressent, à mots couverts, tout l'amour que le jeune homme éprouve pour elle, ainsi que pour son père, même si les relations avec ce dernier sont plus difficiles.
L'auteur part souvent dans de longues réflexions sur tout ce qu'il vit, sur la religion, sur son homosexualité et cela peut parfois lasser. Mais cela ne s'éternise jamais, et on comprend que l'auteur avait besoin de se raconter pour évacuer son traumatisme.

Un livre à lire.

A noter qu'il ne contient aucune scène choquante.