Sophie n'en peut plus d'attendre : ses premières règles, qu'Eliane fasse enfin attention à elle, que quelqu'un lui dise quoi faire... Dans l'ombre, autour d'elle, tournent le royaume de Sarda et celles et ceux qui le dirigent, ou croient le faire : le Prince et le Condottiere, les Matriarches, les Maréchales, et les centaines de cavalières.
Aquilon de Nordeau, la Matriarche défunte, s'est organisée depuis longtemps pour survivre à son propre trépas, que son écuyère, l'ambitieuse Eliane, soit nommée Matriarche à son tour, la très jeune Sophie étant désignée comme son écuyère de cendres. Elle a eu de l'aide, beaucoup d'aide, et l'Intendante de Nordeau, Berhane, comme son herboriste, Frêne, ne sont pas informées de l'ampleur de cette aide, ni d'ailleurs des projets d'Aquilon.
Ce roman, d'une jeune plume française, appartient au cru 2020 des Pépites de l'Imaginaire sélectionnées parmi la production des Indés de l'Imaginaire. C'est un roman de fantasy classique, une histoire d'apprentissage et de maturation d'une enfant devenant une femme. La succession des différentes influences qui agissent sur la jeune Sophie permet à l'auteure de présenter son univers.
Elle a pris le parti d'en faire un miroir inversé du nôtre quant au rapport entre les genres, au sens où ce sont plutôt les femmes qui y sont en position de pouvoir. Des deux seuls personnages masculins présentés comme plutôt positifs, l'un, le Prince, est un faible, totalement dominé par Eliane, et l'autre, le Condottiere, est un vieillard. Et si Merlin est toujours actif dans cette version lointaine et féminisée des légendes arthuriennes, il n'est ami et conseiller que pour servir ses propres fins.
Les personnages sont nombreux, mais très peu ressortent suffisamment pour que je m'y attache. Sophie est le plus réussi et le plus crédible, son âge justifiant l'imprécision de ses contours. L'action, peu présente en début de roman, apparaît davantage à la toute fin, même si j'ai regretté que l'affrontement guerrier soit totalement gommé, ôtant, pour moi, beaucoup de crédibilité aux enjeux socio-politiques auxquels j'avais déjà du mal à croire. L'écriture est recherchée, mais parfois approximative, tant en terme de conjugaison que de vocabulaire.
Toutefois, ce sont là sans doute des péchés de jeunesse, et ce sera intéressant de voir ce que cette toute jeune autrice publiera par la suite. Pour ce roman, il pourra plaire au lecteur occasionnel du genre, ou aux jeunes qui pourront plus facilement s'identifier à l'héroïne.