1897, dans le Klondike. Deux chercheurs d'or partis chasser se perdent dans le blizzard et ne sont sauvés que par l'intervention d'un vieil Indien. Celui-ci est resté en arrière quand les siens sont partis à la recherche d'élans, dans l'espoir de trouver le légendaire élan blanc qui assurera la survie de son peuple.
Dans ce recueil de six nouvelles, Jirô Taniguchi rend hommage à Jack London et au grand nord enneigé. Le célèbre écrivain américain est d'ailleurs l'un des jeunes protagonistes du premier récit qui donne son titre au recueil.
Dans Le grand ouest blanc, c'est encore une histoire de survie dans ce territoire hostile qui nous est contée, puisque deux hommes chargés de rapatrier un cercueil en traîneau sont assaillis par les loups. Jour après jour, la meute dévore un par un les chiens de l'attelage...
Moins au nord, mais toujours face à la nature sauvage, Nos montagnes relate l'histoire d'un vieux chasseur qui reprend la traque pour prendre sa revanche sur l'ours qui a tué son fils, à tout prix.
Les autres nouvelles ont à mon sens un tout autre ton. Ce sont plutôt des tranches de vie, plus ordinaires, avec un personnage central qui narre l'histoire à la première personne.
Kaïyosé-Jima, l’île où accostent les coquillages raconte l'aventure de deux enfants qui se retrouvent en difficulté en mer, danger qui scellera entre eux un lien indéfectible.
Dans Les appartements Shôkarô, un assistant manga loge dans un ancien bordel, dans lequel il ressent comme une présence morne et désespérée.
Enfin, retour à la nature pour le dernier récit, Retour à la mer, où un scientifique qui étudie les baleines accompagne un cétacé mourant pour sa dernière plongée.
J'ai particulièrement aimé les récits mettant à l'honneur la nature, surtout le dernier, le magnifique Retour à la mer. Comme d'habitude, Jirô Taniguchi nous y régale de somptueuses planches, fines et méticuleusement dessinées, où on peut admirer animaux sauvages et paysages grandioses. Sa patte se ressent, que ce soit dans les décors ou les personnages.
Si les quatrième et cinquième nouvelles tranchent avec les autres et m'ont moins plu, elles n'en restent pas moins intéressantes et tout aussi caractéristiques du mangaka, qui excelle aussi dans les récits du quotidien.
Je ne sais pas pourquoi j'étais passée à côté de cette oeuvre d'un auteur que j'adore, mais je ne regrette pas de l'avoir découverte. C'est une valeur sûre, à recommander sans réserve tant pour ses superbes dessins que pour ses récits poignants.